PRIVET Jules Claude François Désiré

PRIVET Jules Claude François Désiré

¤ 21 avril 1897 à Arnay-le-Duc
† 11 décembre 1916 à l’ambulance 6/2 à Proyart (Somme)
Aspirant – 85e régiment d’artillerie lourde à tracteurs – 19 ans
Mort de suites de ses blessures
Mort pour la France

“Dans la nuit, un obus de 210 percute en arrière la 3e pièce”.

Acte de naissance

N°43

Acte de naissance
de
Privet, Jules-Claude-
François-Désiré
(légitime)

Du 22 avril 1897

L’an mil huit cent quatre vingt dix-sept, le vingt-deux avril, à l’heure de onze du matin, heure légale, pardevant nous Vollot, Antoine-François, maire, officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef lieu de canton, arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or. A comparu le sieur Privet, François, âgé de vingt-six ans, boucher, domicilié à Arnay-le-Duc, rue Saint-Honoré, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né hier à neuf heures du soir, heure légale, en son domicile, de son mariage contracté à Arnay-le-Duc le douze octobre mil huit cent quatre-vingt-seize avec Meuriot, Jeanne-Marie, âgée de vingt-deux ans, sans profession, domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner les prénoms de : Jules-Claude-François-Désiré. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sieurs Rouyère, Hippolyte, âgé de trente-cinq ans, épicier, Privet Claude, âgé de trente-sept ans, charpentier, tous deux oncles de l’enfant, domiciliés à Arnay-le-Duc, et ont le père de l’enfant et les deux témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture faite.
[Signatures] Privet Claude / Privet Xavier / Rouyère H. / A. Vollot

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Fiche matricule

Décédé

Nom : Privet
Prénoms : Jules Claude François Désiré
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 1341
Classe de mobilisation : _


État civil :

Né le 22 avril 1897, à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or, résidant à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or, profession d‘étudiant, fils de François et de Meuriot Jeanne Marie domiciliés à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or.

Marié à _.


Signalement :

Cheveux châtains, Yeux gris,
Front large, Nez rectiligne,
Visage ovale, Renseignements physionomiques
complémentaires :
_
Taille : 1 mètre 77 centimètres.
Taille rectifiée :
1 mètre _ centimètres.
Marques particulières : _
Degré d’instruction : _


Décision du conseil de révision et motifs :

Inscrit sous le n°69 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc
Classé dans la 7e partie de la liste en 1915 (service armé)

A obtenu en 1915 un sursis d’incorporation article 21 de la loi du 21 mars 1905.


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 85e régiment d’artillerie lourde
Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _


Détail des services et mutations diverses.

Incorporé à compter du 11 janvier 1916. Arrivé au corps ledit jour. Le 1er juin 1916, parti suivre le cours des élèves aspirants à Fontainebleau. Nommé aspirant le 15 septembre 1916. Journal officiel du 28 octobre 1916, le 7 novembre 1916. Décédé des suites de ses blessures à l’ambulance 6/2 (S.P. 110) le 11 décembre 1916 (avis ministériel n°H1047 du 21 décembre 1916). Rayé le 13 janvier 1917.


Antécédents judiciaires et condamnations

_.

Campagnes

Contre l’Allemagne du 11 janvier 1916 au 11 décembre 1916.

Blessures, citations, décorations, etc.

Blessé le 11 décembre 1916 dans les tranchées de 1ère ligne à l’Est de Berny-en-Santerre, “atteint au ventre de plusieurs éclats de grenades”..


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.


Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
– 2e dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Armée territoriale : 1re dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La réserve de l’armée active :_
L’armée territoriale :_
La réserve de l’armée territoriale : _
Date de la libération du service militaire :_

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Journal des marches et opérations du 85e régiment d’artillerie lourde à tracteurs, 10e groupe, 20e batterie

Au début de la guerre, l’artillerie française souffre de sérieuses lacunes. Certes, le fameux canon de 75 mm français qui peuple les régiments d’artillerie de campagne (abrégé en RAC) est redoutable et performant, mais seulement à courte distance avec sa portée de 4 à 7 kilomètres. L’artillerie lourde devient nécessaire dès les premiers combats, durant lesquels il apparaît que la France est bien démunie face aux gros calibres allemands. Dans un cours rédigé en 1922, le capitaine Leroy rappelle que « nombre d’entre nous ont dans la mémoire le souvenir des heures graves où le sentiment de notre impuissance se fit jour en face de canons qui, à l’abri de nos atteintes, ne prenaient même pas la peine de se masquer et pouvaient nous écraser en toute sécurité(1) ». L’armée entame alors un grand remaniement de cette arme, et fait augmenter la production de gros calibres, acheminer certains canons utilisés par la marine, et diminuer les exportations vers la Russie. Il existe plusieurs types de régiments d’artillerie lourde. Ces régiments peuvent être hippomobiles (RALH), sur voie ferrée (ALVF), ou à tracteurs (RALT) comme le 85e régiment.

Film produit par la Section photographique et cinématographique de l’armée, intitulée Compilation : images d’artillerie lourde et légère.
Source Images Défense.
Cliquer sur le lien ci-dessus pour davantage d’information sur le matériel présent dans la vidéo.

Cinq régiments d’artillerie lourde à tracteurs sont créés le 13 octobre 1915, numérotés 81 à 85. Le 85e régiment est composé de 12 groupes, six de canons et six de mortiers. L’aspirant Privet appartient à la 20e batterie du 10e groupe. Constitué à Vincennes, il est équipé de mortiers Schneider de 220 mm, fabriqués en partie au Creusot. Le groupe part pour le front en février 1916(2).

Photographie : Usine du Creusot. Mortier Schneider de 220 mm. En batterie, vu de gauche [Section photographique de l’armée](3).
Cliquer pour agrandir.

Bien que positionnés quelque peu en trait, les artilleurs de ces régiments sont constamment à risque. Le risque de l’ennemi, bien sûr, car l’artillerie chasse l’artillerie, mais aussi celui des tirs ratés et des munitions de mauvaise qualité, des conséquences de la poudre et du bruit sur la santé, et la fatigue. De jour comme de nuit, par canicule comme par grand froid, par déluge de pluie comme d’obus, les artilleurs doivent mettre en pièce les batteries ou les démonter, les transporter, assurer leur entretien et les utiliser.

Le 1 juin 1916, Jules Privet est envoyé à Fontainebleau pour suivre les cours des élèves-aspirants de l’artillerie. L’aspirant est celui qui « aspire » à devenir officier. Être sous-officier ou officier d’artillerie requiert un certain degré d’instruction. Il faut notamment être bon en mathématiques pour pointer et régler les tirs avec précision. Les pointeurs et tireurs savent au moins lire, écrire et compter, ce qui n’est alors pas le cas de toute la population française mobilisée dans la guerre. Un artilleur qui a un faible niveau d’instruction ne peut qu’espérer effectuer des tâches certes cruciales mais subalternes, comme conducteur ou servant. Ayant été scolarisé dans deux lycées lyonnais, dont un prestigieux, le lycée Ampère (le lycée du Parc vient seulement d’ouvrir), Jules Privet entre dans cette catégorie d’artilleurs qui peuvent aspirer à devenir officiers, ce qu’il fait avec succès avant d’être tué.

De juin 1916 à janvier 1917, le 10e groupe du 85e régiment d’artillerie lourde est dans la Somme, à l’Est d’Amiens. Il y reste de longs mois. Du 5 novembre au 3 décembre, le groupe est retiré des premières lignes pour partir en repos. Il remonte alors en première ligne, quelque peu à l’Est de Berny-en-Santerre.

Entrées du 7 au 11 décembre 1916 :

7 décembre
Vers 16 heures la Batterie subit un tir fusant* d’une durée d’environ 20 minutes.
8 décembre
M. le sous-lieutenant François est classé à l’état-major du 10e groupe.
9 décembre
Tir de réglage sur observatoire du Bois des Cytises : 18 coups : journée calme.
10 décembre
Très violent bombardement subi par la Batterie entre 12 et 14 heures : plusieurs obus de gros calibre éclatent sous la batterie : à la 2e pièce une partie du parc est détruite : dans la nuit, salve sur la Batterie.
11 décembre
Toute la matinée, la Batterie est soumise à un assez vif bombardement : dans la nuit un obus de 210** percute en arrière de la 3e pièce : M. le sous-lieutenant [Dantant ?] et l’aspirant Privet Jules sont blessés en allant à l’observatoire et tous deux évacués.

* tir fusant : projectile doté d’une fusée qui doit éclater à un point donné de sa trajectoire.
** calibre de 210 millimètres.

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Décès

          N°67            

Transcription d’acte de décès
de Privet Jules Claude
François Désiré

Mort pour la France

Du 17 juillet 1917

Acte de décès

L’an mil neuf cent seize le onze du mois de Décembre à neuf heures quarante cinq minutes du soir, étant à Proyart, canton de Chaulnes, département de la Somme. Acte de décès de Privet Jules-Claude-François-Désiré, aspirant au 85e régiment d’artillerie lourde, 10e groupe, 20e batterie, classe 1917, immatriculé sous le n° six cent neuf et mille trois cent quarante et un au recrutement d’Auxonne, né le vingt-deux avril mil huit cent quatre vingt dix sept à Arnay-le-Duc, canton dudit, département la Côte-d’Or domicilié en dernier lieu à Arnay-le-Duc canton dudit (Côte-d’Or) ‘’Mort pour la France’’ à Proyart (Somme) le onze du mois de décembre à neuf heures trente minutes du soir des suites de ses blessures, fils de François et de Meuriot Jeanne-Marie domiciliés à Arnay-le-Duc canton dudit département de la Côte-d’Or conformément à l’article 77 du Code Civil, nous nous sommes transporté auprès de la personne décédée et assuré de la réalité du décès. Dressé par nous Cottart Marcel, officier d’administration de 3e classe, gestionnaire officier de l’État civil sur la déclaration de Delage Jacques quarante-deux ans, médecin-major de 2e classe, et de Mette Georges, trente deux ans, caporal, 2e section d’Infirmiers militaires, témoins qui ont signé avec nous après lecture. Le 1er témoin. Signé : Jacques Delage. Le 2e témoin, signé : G. Mette. L’officier de l’État Civil, signé : M.  Cottart. Pour expédition conforme : l’officier de l’Etat-Civil signé : M. Cottart.
Vu par nous Delage Jacques médecin-chef.
Signé : Jacques Delage.
Vu pour légalisation de la signature de M. Delage Jacques. Paris le 24 mai 1917. Le ministre de la Guerre par délégation :
Le chef du bureau des archives administratives. Signature illisible.
L’acte ci-dessus a été transcrit le dix-sept juillet mil neuf cent dix sept, quatorze heures par nous Nicolas Justin Hutin maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Hutin
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Données additionnelles

En 1911, la famille Privet est recensée rue Seurre à Arnay-le-Duc. Jules a deux frères, Eugène né en 1898 et Georges en 1902. Ses parents sont bouchers. Le père, François Privet, signe toujours les actes avec le surnom de Xavier Privet. Les parents de Jules insiste certainement sur les études de leur fils aîné, qui obtient probablement une bourse pour poursuivre une éducation plus poussée que celle de ses frères.

Lorsque Jules passe devant le conseil de révision en 1915 (la classe 1917 est appelée en janvier 1916 pour essayer de pallier les pertes), il est classé dans la 7e partie du recrutement cantonal, c’est-à-dire qu’il obtient à sa demande un sursis d’incorporation en vertu de l’article 21 de la loi de 1905. Selon cette loi, le sursis peut être accordé aux hommes qui sont soutien de famille, indispensable à une exploitation agricole, résidant à l’étranger, ou faisant leurs études. Cette dernière situation semble être celle qui concerne Jules Privet puisqu’il étudie dans les lycées Ampère et du Parc à Lyon (son nom est inscrit sur les plaques commémoratives de ces établissements). Nous ne savons pas dans quel ordre, mais le lycée du Parc n’ouvre qu’en 1914, rentrée compliquée par la déclaration de guerre qui limite les inscriptions des élèves puisque les bâtiments sont en grande partie transformés en caserne et hôpital.

Grièvement blessé lors d’un bombardement dans la matinée du 11 décembre 1916, l’aspirant Privet est évacué à Proyart, à environ 10 kilomètres de sa position. Il décède dans l’ambulance 6/2 vers 21 h 30.

Le nom de Jules Privet est inscrit le tableau des pertes du 85e régiment d’infanterie(4), ainsi que dans le livre d’or des lycéens lyonnais(5). Le père de Jules, François, et son frère Eugène sont eux aussi mobilisés pendant la guerre. François sert dans l’infanterie de 1915 à 1918. Eugène est incorporé six mois après la mort de son frère aîné, dans le même régiment d’artillerie lourde. Il revient de la guerre physiquement indemne et sera à nouveau mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il est libéré en mars 1941. Le cadet de la famille, Georges, épouse en 1924 Marie Louise Joséphine Moreau, la sœur de Joseph, tué à l’ennemi le 9 juin 1918(6).

L’aspirant Privet repose aujourd’hui à la nécropole nationale d’Albert, dans la Somme, aux côtés de Jean Baptiste Cottin et de 6 291 autres soldats.

Carte

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Sources

  • A. D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1897 – 1900 (FRAD021EC 26/037), Privet Jules Claude François Désiré, n°43, 1897, vues 16-17/300.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1917, bureau d’Auxonne (R 2531), vue 536/687.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 85e régiment d’artillerie lourde à tracteurs – 10e groupe – 20e batterie, 11 février – 31 décembre 1916 (26 N 1098/21), vue 21/22.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916 – 1920 (FRAD021EC 26/041), Privet Jules Claude François Désiré (transcription), n°77, 1917, vues 84-85/329.
  • (1) Leroy (1922), Historique et organisation de l’artillerie : l’artillerie français depuis le 2 août 1014, imprimerie de l’Ecole militaire de l’artillerie, p. 5 [En ligne] (consulté le 5 juin 2022) Disponible sur Gallica.
  • (2) (1920), Historique des 85e et 285e régiments d’artillerie lourde à tracteurs automobiles : campagne 1914-1918, Dijon, J. Belvet, p. 26 [En ligne]. Disponible sur Gallica.
  • (3) Section photographique de l’armée. Don Schneider (5 janvier 1917), « Usine du Creusot. Mortier Schneider de 220 mm. En batterie, vu de gauche » (VAL GF 11/056b), in Bibliothèque numérique de La Contemporaine [En ligne] (consulté le 5 juin 2022).
  • (4) (1920), Historique des 85e et 285e régiments d’artillerie lourde à tracteurs automobiles : campagne 1914-1918, Dijon, J. Belvet, p. 62 [En ligne]. Disponible sur Gallica.
  • (5) Association des anciens élèves des lycées d’État de Lyon (1921), Livre d’or de la Grande Guerre (1914-1918), Lyon, p. 70 [En ligne]. Disponible sur Gallica.
  • (6) A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1921 – 1926 (FRAD021EC 26/042), Privet Georges Henri – Moreau Marie Louise Joséphine, n°3, 1924, vue 172/304.