Méthodologie

Retrouver un soldat et son parcours pendant la Grande Guerre

Afin de trouver un soldat ayant servi pendant la Première Guerre mondiale ou de savoir si un de vos ancêtres est mobilisé en 1914, vous pouvez utiliser la méthode suivante. Elle concerne les hommes nés entre 1867 et 1899, qui appartiennent donc aux classes mobilisées.

Première étape

La première retape consiste à trouver sa fiche matricule qui, généralement, indique si cette personne sert pendant la conflit. Il faut connaître son année de naissance, à laquelle il faut ajouter 20 ans pour obtenir sa classe. Ainsi, un homme né en 1880 appartient à la classe 1900. Sa fiche matricule est conservée aux archives du département dans lequel cet homme réside à ses 20 ans. Les citoyens sont recensés militairement en fonction des régions militaires et non au niveau départemental et il arrive parfois que les bureaux de recrutement de ces régions ne correspondent pas aux limites des départements civils. Par exemple, en 1875 et 1928, les hommes recensés dans les cantons du nord du Jura dépendent du bureau de recrutement de Besançon. Leur fiche matricule est donc aux Archives départementales du Doubs.

Une fois le bureau de recrutement identifié, il faut consulter les tables alphabétiques des registres matriculaires. En Côte-d’Or, les hommes sont recrutés par les bureaux d’Auxonne et de Dijon. Ceux qui résident à Arnay-le-Duc à leur 20 ans dépendant du bureau d’Auxonne. Prenons deux exemples issus de la liste des mobilisés arnétois :

  • Louis Décombard est recensé à Arnay-le-Duc, rue Saint-Honoré, en 1911. Il est alors ébéniste, né à Arnay-le-Duc en 1872 d’après le recensement. Il appartient donc à la classe 1892 si la date de naissance est correcte. Comme toutes celles concernant les classes mobilisées pendant la guerre, la classe 1892 est numérisée. Si Louis Décombard réside à Arnay en 1892, il est normalement recruté par le bureau d’Auxonne. La consultation de la table alphabétique de cette classe confirme la présence d’un Louis Antonin Décombard. Le numéro 1497 lui est attribué. Il faut alors rechercher la fiche matricule portant ce numéro dans le quatrième registre de la classe 1892 du bureau d’Auxonne. Nous apprenons qu’il s’agit de Louis Antonin Décombard, ébéniste né à Arnay-le-Duc le 29 septembre 1872, fils de Jean Baptiste et de Marie née Laurent. Il est mobilisé le 6 août 1914 comme auxiliaire à la place forte de Dijon puis est affecté au 8e escadron du train des équipages en février 1915 auquel il reste jusqu’à sa démobilisation le 10 janvier 1919.
  • Le second exemple concerne un homme qui n’est pas recruté en Côte-d’Or. En 1911, réside faubourg Saint-Jacques la famille de l’hôtelier François Le Lièvre. Il est indiqué qu’il est né en 1875 à Péaule. C’est une petite ville du Morbihan. Nous pouvons donc présumer qu’il réside dans ce département en 1895, année de ses 20 ans. Les registres matricules du Morbihan sont numérisés mais également indexés (d’autres départements indexent également les archives de manière collaborative, notamment la Côte-d’Or. D’ici quelques années, ce long processus sera plus fiable et terminé). Il est donc possible de faire une recherche nominative en indiquant directement dans les champs à renseigner le nom, prénom et la classe de François Le Lièvre. Le seul résultat est celui du matricule 354. La section localités successives habitées de la fiche matricule indique qu’il réside à Arnay-le-Duc à partir du 10 avril 1910. C’est bien lui. Il est rappelé à l’activité à la mobilisation générale et sert notamment dans l’artillerie jusqu’à sa réforme définitive le 24 juin 1916 à cause d’une tumeur.

Si le soldat est décédé pendant la guerre, que la mention Mort pour la France lui soit attribuée ou non, il est possible de consulter la base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, qui est augmentée de 95 000 fiches de soldats n’ayant pas obtenu la mention. La base de données est consultable sur le site Mémoire des Hommes. Cette fiche donne quelques renseignements sur le soldat défunt qui facilitent la recherche de sa fiche matricule, notamment son bureau de recrutement, sa classe et son matricule au recrutement.

Liens utiles :

Registres matricules des Archives départementales de la Côte-d’Or.

Pour les autres départements, rechercher dans un moteur de recherche : archives départementales + nom/numéro du département. Rechercher ensuite les archives en ligne puis les archives militaires/registres matricules.

Base de données des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale sur le site du Ministère des armées Mémoire des Hommes.

Le portail Grand Mémorial du Ministère de la culture permet de rechercher simultanément la base de données susmentionnée et les registres matricules indexés de différents départements. Les résultats ne sont pas exhaustifs mais le portail permet parfois de sauter quelques étapes pour trouver les fiches matricules.

Seconde étape

Grâce aux renseignements renfermés dans les fiches matricules, il est possible de suivre presque jour par jour le parcours militaire d’un soldat à travers les Journaux des Marches et Opérations (J.M.O.), eux aussi numérisés sur le site Mémoire des Hommes. Les fiches matricules permettent de savoir à quelle unité appartient le soldat à tel ou tel moment de la guerre. Elles ne sont en revanche pas toujours complètes et il n’est pas rare, par exemple, de trouver dans l’acte de décès d’un soldat une affectation à un régiment qui n’est pas mentionné dans sa fiche matricule. Celles des soldats qui survivent à la guerre sont généralement plus précises.

Les journaux sont strictement narratifs car l’officier ou le sous-officier délégué chargé de leur rédaction est défendu d’y apporter de quelconques commentaires personnels. Cependant, le contenu peut varier dans sa richesse puisque certains contiennent des croquis ou des cartes. D’autres comportent des listes nominatives de l’ensemble des pertes, transferts et renforts et non seulement que lorsqu’il est question d’officiers. Rédigés sur le vif, ils comportent des ratures, approximations et maintes abréviations. Ils offrent un point de vue d’ensemble, tel que perçu par le corps officier et ne constitue pas une source pour découvrir le quotidien des soldats. Les J.M.O. peuvent être utilisés pour retracer l’ensemble de l’expérience de guerre d’un soldat ou pour comprendre le contexte d’un événement particulier comme l’obtention d’une citation ou d’une médaille, une blessure ou un décès.

Prenons pour exemple Claudius Laroche, né à Thury en Côte-d’Or en 1897, recensé rue Jean Maire à Arnay en 1911. Comme ses camarades de la classe 1917, il est appelé le 5 janvier 1916. Sa fiche matricule indique qu’il est incorporé et arrive au corps le 11 janvier. Il est alors au 21e régiment d’infanterie, celui de Langres. Il n’est pas envoyé au front immédiatement. Dans le récapitulatif de ses campagnes, en partie inférieure de la fiche matricule, il est stipulé que Laroche est à l’intérieur et non aux armées. C’est-à-dire qu’il est certainement au dépôt du régiment, notamment pour faire ses classes (son instruction) puis en attente de partir en renfort. Le J.M.O. du régiment ne contient pas d’information sur les événements qui peuvent survenir au dépôt puisqu’il s’agit d’un journal des marches et des opérations. Le 9 novembre 1916, le soldat 1ère classe Laroche est affecté au 31e régiment d’infanterie et part au front. Il rejoint le secteur du bois Saint-Pierre-Vaast dans la Somme et il est possible de suivre le parcours du régiment à partir du J.M.O. Laroche reste aux armées jusqu’au 26 septembre 1919 et ne change pas de régiment, ce qui facilite le suivi de son parcours.

Sur la partie du site Mémoire des Hommes dédiée aux J.M.O., il est possible d’utiliser le formulaire de recherche pour retrouver une unité. Il est également possible d’explorer l’inventaire général en cliquant sur Consulter l’état des fonds qui dirige l’utilisateur du site sur une arborescence. Il faut ensuite choisir entre les unités de l’armée de terre, de l’aéronautique ou de la marine. Les journaux de l’armée de terre sont divisés en deux groupes : ceux des grandes unités comme les brigades, divisions ou l’état-major, et ceux des régiments et bataillons. Ce dernier groupe est lui-même divisé selon les types d’unité : infanterie, infanterie coloniale, artillerie, cavalerie, chasseurs, génie, etc. En faisant dérouler l’arborescence du type d’unité voulu, l’utilisateur peut choisir le régiment ou bataillon recherché et trouver les J.M.O. qui existent et/ou sont numérisés et en ligne.