COTTIN Jean Baptiste

COTTIN Jean Baptiste

¤ 16 juillet 1879 à Arnay-le-Duc
† 22 juillet 1916 à Chuignes (Somme)
2e canonnier conducteur – 101e régiment d’artillerie lourde – 37 ans
Tué à l’ennemi
Mort pour la France
Médaille militaire

Signature de Jean Baptiste Cottin sur son acte de mariage de 1908.
“Engagé volontaire pour la durée de la guerre. Brave canonnier.”

Acte de naissance

N°98

Acte de naissance
de
Cottin, Jean Baptiste
(légitime)

du 17 juillet 1879

L’an mil-huit-cent-soixante dix neuf, le dix-sept juillet, à onze heures du matin. Pardevant nous Jean Baptiste Michéa, Maire, officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef-lieu de canton, arrondissement de Beaune, département a la Côte-d’Or.
A comparu le sieur Cottin, Charles, âgé de vingt-huit,ans, journalier domicilié à Arnay-le-Duc, rue Saint-Jacques, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né hier à huit heures du matin, en son domicile, de son mariage contracté à Vif chef-lieu de canton, arrondissement de Grenoble (Isère) le vingt novembre mil-huit-cent-soixante quinze, avec Dumas, Joséphine, âgée de vingt quatre ans, sans profession domiciliée avec lui & auquel enfant il a déclaré donner le prénom de Jean Baptiste. Les dites présentation & déclaration faites en présence du sieur Chartenet-Ponsot, Antoine, serrurier & Haasser, Valentin, âgé de trente-un ans, menuisier tous deux domiciliés à Arnay-le-Duc & ont le père de l’enfant & les deux témoins signé avec nous le présent acte de naissance après que lecture leur en a été faite.
[Signatures] Chartenet / Haasser / Cottin / Michéa

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Fiche matricule

Décédé

Nom : Cottin
Prénoms : Jean-Baptiste
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 661
Classe de mobilisation : 1899


État civil :

Né le 16 juillet 1879, à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or, résidant à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or, profession d‘Employé de bureau, fils de Charles et de Dumas Joséphine domiciliés à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or.

N°.89 de tirage dans le canton d‘Arnay-le-Duc.


Signalement :

Cheveux et, sourcils châtains,
yeux châtains, front bombé,
nez long, bouche moyenne,
menton rond, visage ovale,
Taille : 1 m. 65 cent. Taille rectifiée : 1 m. _ cent.
Marques particulières : Tête chauve
Degré d’instruction générale : 4 militaire : _.


Décision du conseil de révision et motifs :

Bon.

Compris dans la 1e partie de la liste du recrutement cantonal (_e portion).


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 8e Escadron du Train des Equipages
Disponibilité et réserve de l’armée active : 37e régiment d’artillerie campagne – 5558
– 41e régiment d’artillerie de campagne
– 101e régiment d’artillerie lourde – 2401
.
Armée territoriale et sa réserve : _.


Détail des services et mutations diverses. (Campagnes, blessures, actions d’éclat, décorations, etc.)

Incorporé au 8e Escadron du Train des équipages à compter du 15 novembre 1900. Arrivé au corps et soldat de 2e classe ledit jour. Immatriculé sous le n°585. Réformé temporairement par la commission spéciale de Dijon le 9 novembre 1901 pour “Bronchite suspecte”.
Rappelé à l’activité par décision de la commission spéciale d’Auxonne dans la séance du 6 octobre 1902. Incorporé au 8e Escadron du train à compter du 9 novembre 1902 arrivé au corps et soldat de 2e classe le 9 novembre 1902. Immatriculé sous le n°982. Réformé temporairement pour un an par la commission de réforme de Dijon le 22 avril 1902. Rayé des contrôles le 23 avril 1903 pour “bronchite suspecte”. Certificat de bonne conduite accordé
.

Passé dans la _ de l’armée active le _.

Dans la disponibilité ou dans la réserve de l’armée active.

Réformé n°2 par la commission spéciale d’Autun le 2 mars 1904 pour “tuberculose pulmonaire”. Rayé le 5 mars 1904. Engagé volontaire pour la durée de la guerre à la mairie du 12e arrondissement de Paris, le 6 septembre 1914. Incorporé à compter dudit jour. Arrivé au corps le 8 septembre 1914. Passé au 41e régiment d’Artillerie le 11 juin 1915. Passé au 101e régiment d’artillerie le 1e novembre 1915 (décision du général commandant en chef n°7251 du 13 octobre 1915) arrivé au corps et 2e canonnier conducteur le 1e novembre 1915. Tué à l’ennemi le 22 juillet 1916 aux combats de la Somme. Rayé le 20 août 1916. Rayé le 20 août 1916.

[Un papier collé sur les deux dernières cases de cette colonne]Campagne
Contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie : du 8 septembre 1914 au 22 juillet 1916
.


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La disponibilité de l’armée active :_
La réserve de l’armée active :1er novembre 1903
L’armée territoriale :1er novembre 1913
La réserve de l’armée territoriale : 1er novembre 1919
Date de la libération du service militaire :1er novembre 1925.

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Journal des marches et opérations du 101e régiment d’artillerie lourde

Comme son petit frère Joseph, Jean Baptiste souffre de problèmes de santé qui perturbent son service militaire. Alors que Joseph est considéré par l’armée comme en défaut de poids et malingre, Jean Baptiste développe la tuberculose. Mais cela n’empêche pas les deux frères de se porter volontaires pour aller à la guerre. Tous les deux s’engagent à la mairie du 12e arrondissement de Paris, le cadet le 5 septembre 1914, l’aîné le lendemain.

Jean Baptiste Cottin est versé dans l’artillerie, d’abord au 37e régiment d’artillerie de campagne, puis au 41e. Le 1 novembre 1915, il est incorporé au 101e régiment d’artillerie lourde hippomobile. Ces régiments d’artillerie lourde sont de plusieurs natures : ils peuvent être hippomobiles comme le 101e (abréviation RALH), à tracteurs (RALT), sur voie ferrée (ALVF). Il existe d’autres dénominations. Cette artillerie lourde devient nécessaire dès les premiers combats, durant lesquels il apparaît que la France est bien démunie face aux gros calibres allemands. Certes, le fameux canon de 75 mm français qui peuple les régiments d’artillerie de campagne (RAC), est redoutable et performant, mais à courte distance (4 à 7 km de portée). Dans un cours rédigé en 1922, le capitaine Leroy rappelle que « nombre d’entre nous ont dans la mémoire le souvenir des heures graves où le sentiment de notre impuissance se fit jour en face de canons qui, à l’abri de nos atteintes, ne prenaient même pas la peine de se masquer et pouvaient nous écraser en toute sécurité(1) ». Dès lors, l’armée entame un grand remaniement de cette arme, et fait augmenter la production de gros calibres, acheminer certains canons utilisés par la marine, diminuer les exportations vers la Russie. Les artilleurs de ces régiments manient des canons côtiers de 19, des De Bange de 155, des obusiers Baquet de 155, des Rimailho de 155. Les corps d’artillerie lourde sont en appuie des divisions d’infanterie, ou de cavalerie, et non plus seulement des plus petites unités (échelle régimentaire)(2).

Bien que positionnés quelque peu en retrait, les artilleurs de ces régiments sont constamment à risque. Le risque de l’ennemi, bien sûr, car l’artillerie chasse l’artillerie, mais aussi celui des tirs ratés et des munitions de mauvaise qualité, des conséquences de la poudre et du bruit sur la santé, et la fatigue. En effet, servir dans l’artillerie lourde, surtout hippomobile, est une tâche éreintante. Les canonniers conducteurs, comme Jean Baptiste Cottin, sont soumis à des efforts physiques qui mettent parfois leur santé en jeu. De jour comme de nuit, par canicule comme par grand froid, par déluge de pluie comme d’obus, les artilleurs doivent mettre en pièce les batteries ou les démonter, les transporter, assurer leur entretien et les utiliser.

Film produit par la Section photographique et cinématographique de l’armée, intitulée Compilation : images d’artillerie lourde et légère.
Source Images Défense.
Cliquer sur le lien ci-dessus pour davantage d’information sur le matériel présent dans la vidéo.

Malheureusement, les journaux des marches et opérations du 101e régiment d’artillerie lourde sont incomplets. Nous savons grâce à son acte de décès que le canonnier Cottin sert la 28e batterie, mais le JMO de cette unité est introuvable. Cette batterie ne fait visiblement pas partie des premier, troisième ou quatrième groupes du régiment. Le 101e RAL participe à la bataille de la Somme dès le début de celle-ci le 1 juillet 1916. Jean Baptiste Cottin se trouve à Chuignes (Somme) lorsqu’il est tué.

Décès

N°61

Transcription de l’acte
de décès de
Cottin Jean Baptiste

Mort pour la France

L’an mil neuf cent seize, le vingt-deux juillet, à onze heures quarante cinq du matin étant à Chuignes, Somme, acte de décès de Cottin Jean-Baptiste, deuxième canonnier au cent-unième Régiment d’artillerie lourde, matricule 5558, né le seize juillet mil huit cent soixante dix neuf à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or, domicilié en dernier lieu à Arnay-le-Duc, décédé à Chuignes, Somme, le vingt-deux juillet mil neuf cent seize, à onze heures quarante-cinq minutes sur le champ de bataille, fils de Charles et de Dumas Joséphine, célibataire, Mort pour la France, conformément à l’article 77 du code civil, nous nous sommes transporté auprès de la personne décédée et assuré de la réalité du décès. Dressé par nous Pelloux Antoine Siméon Théophile, capitaine commandant la 28ème batterie du 101ème Régiment d’artillerie lourde, officier de l’Etat civil, sur la déclaration de Cotton Pierre Eugène, né le quinze décembre mil huit cent soixante-dix huit, maréchal des logis à la 28ème batterie du 101ème Régiment d’artillerie lourde et de Berteloot Georges Camille-Cornil, né le douze avril mil huit cent quatre vingt onze, brigadier à la 28ème batterie du 101e Régiment d’artillerie lourde, témoins, qui ont signé avec nous après lecture.
Suivent les signatures
Vu par nous, Baré Emile, sous-intendant militaire pour légalisation de la signature de M. Pelloux.
Signé : Baré.
Vu pour légalisation de la signature de M. Baré Emile.
Paris, le neuf septembre 1916.
Le ministre de la guerre
Par délégation. Le chef de Bureau des archives administratives.
Signé illisible.
L’acte de décès ci-dessus a été transcrit le vingt-cinq septembre mil neuf cent seize à seize heures par nous Nicolas Justin Hutin, maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Hutin
[Mention marginale] Mention rectificative. Loi du 30 septembre 1915. Le défunt était époux de Lavache Louise Célestine et non célibataire, ainsi qu’il est mentionné dans le corps de l’acte ci-contre.
Le ministre de la Guerre par délégation.
Le chef du bureau des Archives administratives. Signature illisible.
Dont mention. Le Maire
[Signature] Hutin

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Données additionnelles

Le père de Joseph Cottin, Charles, originaire de Blanot (proche d’Arnay-le-Duc) épouse l’iséroise Joséphine Dumas avec qui il a 5 enfants : Andréa née en 1877, Jean Baptiste en 1879, Jeanne en 1884, Joseph Charles en 1887 et Anne en 1890. Jeanne décède à l’âge de 6 ans en 1891 et Joseph Charles, soldat au 162e régiment d’infanterie, est mort de ses blessures survenues dans la Marne le 24 avril 1917, un an après son frère aîné.

Le parcours des deux frères Cottin est sensiblement similaire. Tous deux quittent Arnay-le-Duc pour s’établir en région parisienne pour Joseph Charles, et dans l’Oise pour Jean Baptiste. Résident à Mouy (Oise) où il est comptable en 1908, Jean Baptiste épouse Louise Célestine Lavache à Rainvillers, même département, habitante de ce lieu, fille de Louis Désiré et de Célestine Clémentine Tommire(3). Le couple a au moins trois enfants : Jeanne Marcelle Louise (1909), Georges Louis Joseph (né et décédé en 1911), et un troisième enfant du même nom que son frère défunt (né en 1912).

Arbre généalogique des frères Cottin, basé sur les actes de naissance, mariage et décès, sur le recensement de 1911, ainsi que sur l’arbre généalogique de l’utilisatrice de Généanet sdegandsaint1.
Cliquer pour agrandir.

Les seuls renseignements que nous avons sur les circonstances de la mort de Jean Baptiste Cottin proviennent du décret qui paraît en 1923 au Journal Officiel :

COTTIN (Jean-Baptiste), matricule 2401, canonnier : engagé volontaire pour la durée de la guerre. Brave canonnier. Tué à son poste, le 22 juillet 1916, au cours d’un ravitaillement. A été cité.

4

Le 9 juillet 1923, un arrêté ministériel confirme la nomination de Cottin à l’attribution posthume de la médaille militaire. Le Progrès de la Côte-d’Or rapporte :

ARNAY-le-DUC. – Médaille militaire. –
Par arrêté ministériel du 9 juillet 1923, la médaille militaire a été attribuée à la mémoire du canonnier Cottin Jean-Baptiste, du 101e R.A.L., avec la mention suivante :
« Engagé volontaire pour la durée de la guerre. Brave canonnier. Tué à son poste, le 22 juillet 1916, au cours d’un ravitaillement. A été cité. »

5

Le nom de Jean Baptiste Cottin est également inscrit sur le monument aux morts de Rainvillers (Oise). Il repose aujourd’hui à la nécropole nationale d’Albert, dans la Somme, aux côtés de 6 292 autres soldats, dont l’aspirant Privet.

Carte

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Sources

  • A. D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1877 – 1885 (FRAD021EC 26/034), Cottin Jean Baptiste, n°98, 1877, vue 169/601.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1899, bureau d’Auxonne (R 2353), vue 318/968.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916 – 1920 (FRAD021EC 26/041), Cottin Jean Baptiste, n°61, 1916, vues 30-31/329.
  • (1) Leroy (1922), Historique et organisation de l’artillerie : l’artillerie française depuis le 2 août 1914, imprimerie de l’Ecole militaire de l’artillerie, p. 5 [En ligne] (consulté le 5 juin 2022) Disponible sur Gallica.
  • (2) Aubagnac, Gilles (2014), « Les corps d’artillerie et le corps des artilleurs » in Corps, n°12, pp. 87-88 [En ligne] (consulté le 5 juin 2022).
  • (3) A.D. de l’Oise, état civil numérisé, Rainvillers 1903 – 1912 (3E523/15), Cottin Jean Baptiste – Lavache Louise Célestine, n°11, 1908, vues 102-03/188.
  • (4) (4 janvier 1923), Journal officiel de la République française. Lois et décrets, p. 736 [En ligne] Disponible sur Gallica.
  • (5) (29 juillet 1923), « Arnay-le-Duc. Médaille militaire » in Le Progrès de la Côte-d’Or, p. 3 [En ligne] Disponible sur Retronews.