BELLANT René

BELLANT René

¤ 16 avril 1896 à Arnay-le-Duc
† 13 septembre 1916 à Bouchavesnes-Bergen (Somme)
Soldat – 44e régiment d’infanterie – 20 ans
Disparu au combat
Mort pour la France
Croix de guerre avec étoile de bronze

“L’as de pique”.

Acte de naissance

N°53

Acte de Naissance
de
Bellant, René
(légitime)

Du 19 avril 1896

L’an mil huit cent quatre vingt-seize, le dix neuf avril, à l’heure de dix du matin, heure légale, pardevant nous Vollot, Antoine François, maire, officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef-lieu de canton, arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or. A comparu le sieur Bellant, Denis, âgé de trente-cinq ans, cultivateur, domicilié à Chassenay, commune d’Arnay-le-Duc, lequel nous a présenté un enfant du sexe féminin le masculin, né le seize du présent mois à trois heures du soir, en son domicile, de son mariage contracté à Arnay-le-Duc le quatre juillet mil huit cent quatre vingt-onze avec Prot Viriginie, âgée de vingt-sept ans, sans profession, domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner le prénom de René. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sieurs Garreaux, Dominique, âgé de trente-huit ans, épicier, et Chavit Jacques, âgé de soixante-trois ans, marchand de crépins, tous deux domiciliés à Arnay-le-Duc ; et ont le père de l’enfant et les deux témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture faite en approuvant la rature de trois mots comme nuls.
[Signatures] J. Chavit / Belland / Garreaux / A. Vollot

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Fiche matricule

Nom : Bellant
Prénoms : René
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 64.
Classe de mobilisation : _


État civil :

Né le 16 avril 1896, à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de Côte-d’Or, résidant à Montbard, canton dudit, département de la Côte-d’Or, profession de garçon boucher, fils de Denis et de Prot Virginie domiciliés à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de Côte-d’Or.

Marié à _.


Signalement :

Cheveux châtain foncé, Yeux gris,
Front moyen, Nez rectiligne,
Visage ovale, Renseignements physionomiques
complémentaires :
_
Taille : 1 mètre 67 centimètres.
Taille rectifiée :
1 mètre _ centimètres.
Marques particulières : _
Degré d’instruction : 3


Décision du conseil de révision et motifs :

Inscrit sous le n°6 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc
Classé dans la 1e partie de la liste en 1915


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 60e régiment d’infanterie – 11988
– 44e régiment d’infanterie – 18003

Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _


Détail des services et mutations diverses.

Incorporé à compter du 12 avril 1915. Arrivé au corps le dit jour. Passé au 44e régiment d’Infanterie, le 22 mars 1916 (Exécution des prescriptions de la décision ministérielle n°4367 1/11 du 14 mars 1916 et de la Note de Service n°1947 Ch.D. du 16 mars 1916 de Mr. le général commandant la 7e Région). Disparu à Bouchavesne le 13 septembre 1916 (avis ministériel du 16 novembre 1916 n°HJ.4084). Décès fixé au 13 septembre 1916 d’après avis du jugement rendu par le tribunal de Beaune le 15 avril 1921. Note ministérielle du 21 mai 1921.


Antécédents judiciaires et condamnations

_.

Campagnes

Contre l’Allemagne du 12 avril 1915 au 13 septembre 1916
Intérieur. Campagne simple du 12-4-1915 au 21-3-1916
Armées campagne double du 22-3-1916 au 13-9-1916.

Blessures, citations, décorations, etc.

_.


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.


Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
– 2e dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Armée territoriale : 1re dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La réserve de l’armée active :
L’armée territoriale :
La réserve de l’armée territoriale :
Date de la libération du service militaire :

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Journal des marches et opérations du 44e régiment d’infanterie

Le 44e régiment d’infanterie, dont les casernements sont à Lons-le-Saunier (Jura) et Montbéliard (Doubs), reste dans la mémoire comme le premier régiment impliqué dans un combat de la Première Guerre Mondiale. En effet, le 2 août 1914, à Joncherey dans le territoire de Belfort, le caporal Jules Peugeot commande sa section de la 6e compagnie du régiment non loin de la frontière lorsqu’il aperçoit des cavaliers allemands qui sont entrés en France en reconnaissance. Le lieutenant allemand Albert Mayer tire quelques coups en direction des Français et blesse Jules Peugeot qui a lui-même retourné le feu, touchant mortellement le lieutenant Mayer. Quelques minutes plus tard, Peugeot s’écroule à son tour. Il est le premier soldat français tué. La guerre n’est pas encore ouvertement déclarée. Le régiment continue de s’illustrer tout au long de la guerre. En 1917, le général Philipot, qui commande la 14e division d’infanterie, évoque dans un ordre son admiration pour les hommes de sa division. « Merci mes enfants, bravo mes as ! », écrit-il, alors que les quatre régiments d’infanterie de la division obtiennent le droit au port de la fourragère. À la suite des mots de Philipot, on parle de la division des as. Le 60e régiment choisit l’as de cœur, le 35e l’as de trèfle, le 42e l’as de carreau et le 44e l’as de pique.

Appelé à servir le 12 avril 1915, René Bellant effectue sa première année de guerre au 60e régiment d’infanterie. Il n’est pas au front, mais à l’intérieur. Il est peut-être au casernement du régiment à Besançon. Le 22 mars 1916, le soldat Bellant par pour le front en rejoignant le 44e régiment d’infanterie. En quelques jours, il arrive à Verdun pour son baptême du feu. Au début du mois de septembre 1916, après un peu de repos, le régiment arrive dans le secteur de Bouchavesnes, aujourd’hui Bouchavesnes-Bergen dans la Somme. Ce village, qui est sur le point d’être entièrement détruit, est occupé par l’armée allemande depuis 1914. Le 12 septembre, les Français préparent une offensive pour repousser les lignes allemandes et, si possible, prendre Bouchavesnes.

Bouchavesnes : “Ce qu’il reste du village”. 1917 [Carte trouvée sur un site marchand].
Cliquer pour agrandir.

Entrées du 12 et 13 septembre :

12 septembre
À 0 h. 30, l’attaque est fixée au 12 septembre à midi 30.
L’ordre d’opération n°258, du 8 septembre, place l’infanterie des attaques sous les ordres du Colonel Messiny, commandant la 6e brigade de Chasseurs.
Deux secteurs d’attaque séparées par la ligne 562-9786-0238 – point à 100 m., Sud de 654-0839- Lisière Nord de Bouchavesnes (Plan directeur au 1/10000°).
Secteur Nord : 27e et 28e bataillons de chasseurs aux ordres du lieutenant-colonel Carlier.
Secteur Sud : Un bataillon du 133e et un bataillon du 44e régiment d’infanterie, sous les ordres du lieutenant-colonel Baudraud du 133:
Objectifs :
            Tranchée des Marrières
            Lisières Est du Bois des Aiguilles et du Bois Marrières.
            Crète à l’Est du bOis des Aiguilles et du Bois Marrières.
L’ordre d’attaque prévoit une deuxième phase qui se déclenchera sur l’ordre du commandant du 7e corps d’armée et comprendra l’enlèvement des positions successives s’étendant jusqu’au Bois Long – à Bouchavesnes et Ferme Bois Labbé.
À 6 heures, situation des troupes et des réserves (voir croquis ci- joint) :
1ère ligne : secteur de gauche, 27e et 28e bataillons de chasseurs (aux ordres du lieutenant-colonel Carlier, de la 6e brigade de chasseurs).
            Secteur de droite : 1bataillon du 133e régiment d’infanterie et 2e bataillon du 44e (aux ordres du lieutenant-colonel Baudraud du 133e).
            Réserve de brigade : 6e bataillon de Chasseurs et 3e bataillon du 44e régiment d’infanterie au Bois des Riez.
            Réserve de Division : un bataillon du 133e régiment d’infanterie et le 1er bataillon du 44e régiment au Bois des Riez et au bois de Hem.
À midi 20, l’attaque débouche.
À 13 heures, elle a enlevé les premiers objectifs et progresse sur la Croupe à l’Est du Bois des Marrières.
Le 2e bataillon du 44e régiment, arrêté dans sa progression par les feux croisés de mitrailleuses venant de Bouchavesnes et écarts, et par un tir de barrage, s’organise à 250m de la route Béthune-Péronne.
À 14 h. 30, le 3e bataillon du 44e régiment se porte en avant. Il est mis à la disposition du lieutenant-colonel Baudraud et reçoit l’ordre de se placer à la contre-pente Ouest du Bois Marrières.
À 15 h., le Colonel commandant le 44e régiment reçoit le commandement de la réserve de Division comprenant : le 1er bataillon du 44e régiment, le 1er bataillon du 133e régiment, un bataillon du 60e régiment et l’ordre de se porter au poste de Commandement du Colonel Messiny (Ravin 1 km Ouest de la tranchée des Marrières).
À 15 h. 10, ordre aux bataillons réserve de division de se porter en avant, le 1er bataillon du 44e régiment et le bataillon du 133e régiment dans le ravin du poste de commandement du Colonel Messiny, le bataillon du 60e régiment de la tranchée de Mossoul.
À 15 h. 30, le 3e bataillon du 44e régiment occupe ses emplacements.
À 16 h., le lieutenant-colonel commandant le 44e régiment rejoint le poste de commandement Messiny. Il y reçoit un ordre d’attaque sur Bouchavesnes engageant les trois bataillons de la réserve de division. Le lieutenant-colonel Niéger fait observe au Colonel Messiny que l’ordre de 15 h. lui prescrit de n’engager la réserve que sur un ordre direct du général commandant la 41e division.
L’autorisation d’engager la réserve de division demandée téléphoniquement est accordée pour une attaque sur Bouchavesnes par deux bataillons.
À 16 h. 30, ordre du Colonel commandant la 6e Brigade de Chasseurs d’attaquer Bouchavesnes avec deux bataillons, un bataillon débordant le village par le Nord, le 2e bataillon attaquant de front entre Brioche et le Cimetière.
À 17 heures, une contre-attaque se dessine sur la droite du dispositif de la 41e division par la vallée de Bouchavesnes. Elle tombe sous le feu des mitrailleuses du 2e bataillon du 44e régiment et est refoulée.
À 17 h. 30, les trois bataillons de la réserve de division occupent leurs emplacements.
L’attaque de Bouchavesnes est confiée à gauche à un bataillon du 133e, à droite au 1er bataillon du 44e régiment, bataillon de droite.
Trois objectifs successifs :
            Route de Béthune à Péronne,
            Tranchée de Bouchavesnes
            Lisière Est du village de Bouchavesnes,
Liaison à gauche du bataillon du 133e avec le 28e bataillon de chasseurs, liaison à droite avec le bataillon Martin du 133e régiment.
Le 2e bataillon du 44e régiment passe en réserve des troupes d’attaque et reçoit l’ordre de rester sur place lorsque les bataillons d’attaque le dépasseront.
À 17 h. 55, on signale qu’un bataillon allemand entre dans Bouchavesnes. Les bataillons d’attaque sont prévenus de se porter sur le 3e objectif avec prudence.
À 18 h. 39, l’attaque se déclenche.
À 19 h. 30, les trois objectifs sont enlevés.
Des patrouilles envoyées dans toutes les directions font connaître :
     1° Que l’ennemi n’occupe ni 1852, ni l’Épine de Malassise, ni 131.
     2° Que la liaison est assurée à gauche avec le 28e bataillon de chasseurs ; à droite, au contraire, aucune liaison.
     3° Que les mitrailleuses ennemies battent la Ferme du Bois Labbé, qui paraît inoccupée.
De 19 h. 30 à 21 h. 30, divers comptes rendus confirment ce qui précède ; les troupes du secteur Baudraud sont restées sur place et la gauche de la 48e division, reste en retrait sur la première ligne de ce secteur ; la gauche de la 48e division et à 100 mètres à l’Est de la lisière Est du Bois Madame.
La droite du bataillon d’attaque du 44e régiment est à 1 km 300 de la gauche de la 48e division.
À 21 heures, un bataillon du 60e se porte sur la tranchée des Marrières, une compagnie est mise à la disposition du lieutenant-colonel commandant le 44e régiment pour étayer la droite.
À 22 heures, ordre à 1 compagnie du 60e régiment de se porter sur la lisière Sud de Bouchavesnes entre Brioche et la batterie 1940. À la même heure ordre au 2e bataillon du 44e régiment de pivoter sur la droite et de s’établir sur la ligne Brioche – batterie 1257.
À 23 h. un officier de liaison de la 6e brigade de Chasseurs, apporte l’ordre d’opération n°23, qui fixe les zones d’action des trois sous-secteurs :
     – secteur de gauche : 6e brigade de Chasseurs (lieutenant-colonel Carlier)
     – secteur du centre : 44e régiment d’infanterie moins 1 bataillon et 1 bataillon du 133e régiment (lieutenant-colonel Niéger)
     – secteur de droite : un bataillon du 133e régiment et un bataillon du 44e régiment (lieutenant-colonel Baudaud).
L’ordre prescrit de rétablir à tous prix la situation sur la droite.
Le lieutenant-colonel commandant le 44e régiment s’autorise de cet ordre, dont la réalisation doit être immédiate en raison de l’heure avancée, pour demander téléphoniquement au Colonel Messiny l’autorisation de prendre sous ses ordres les bataillons du secteur Baudraud. Il est autorisé.
À 23 heures, ordre :
     1° au 3e bataillon du 44e régiment de s’établir sur la ligne Corne Sud-Est de Bouchavesnes – Ferme du Bois Labbé, en occupant cette ferme.
     2° au Bataillon Martin du 133e régiment de s’établir entre la ferme du Bois Labbé et le carrefour du Calvaire sur la route de Béthune.
     3° au 2e bataillon du 44e régiment d’occuper la Carrière au Sud de Brioche.
Pertes de la journée :
[Suit la liste nominative des 24 tués, 128 blessés et 9 disparus du régiment]

13 septembre
Arrivée au corps de M. Teissier, Robert, sous-lieutenant à titre temporaire.
À 0 h. 25 le lieutenant-colonel commandant le 44e rend compte de la situation et des dispositions qu’il a prises.
À  3 heures, le dispositif est entièrement réalisé conformément aux ordres données et aux indications portées au croquis ci-joint.
À 4 h. le bataillon Martin du 133e régiment est attaqué et reflue par sa compagnie de droite vers la Carrière. Une compagnie du 2e bataillon du 44e régiment intervient et rétablit la situation.
À 8 heures, des éléments de la 48e division (35e régiment d’infanterie, débouchent vers la Carrière et progressent vers la Cote 131).
À 9 heures du matin ; l’ennemi déclenche une préparation d’artillerie sur notre 1ère ligne, sur Bouchavesnes, la Carrière et la ferme du Bois Labbé qui se prolonge en s’accentuant, jusqu’à 16 h.
À 16 heures, une attaque ennemie important se déclenche sur le front Bouchavesnes – Ferme du Bois Labbé.
Les éléments du 35e qui se sont portés à environ 300 mètres en avant du front des 1er et 3e bataillon du 44e régiment refluent.
L’attaque allemande se brise sous le feu des deux bataillons du 44e régiment. La compagnie de réserve du 3e bataillon intervient pour recueillir les éléments du 35e régiment.

Le croquis susmentionné, montrant un plan des mouvements des lignes françaises lors des opérations des 12 et 13 septembre.
Cliquer pour agrandir.

À 16 heures, deux bataillons du 60e régiment, bataillon Madamet et bataillon Perpoche, sont alertés.
Les pertes du fait du bombardement ont  été sérieuses.
À 16 h. 35, le bataillon Madamet du 60e est envoyé en soutien sur la route Béthune-Péronne.
À 18 h. 25, ordre de relève pour les unités du 133e régiment et du 44e régiment les éléments du 25e et du 60e régiments.
Pendant la nuit, le 1er bataillon du 44e régiment vient s’installer dans la tranchée des Marrières, le 2e bataillon sur ses emplacements de combat du 12, le 3e bataillon dans la partie Sud du Bois des Marrières.
Pertes de la journée :


[Suit le croquis et la liste nominative des 36 tués, 143 blessés et 18 disparus, dont René Bellant, du 13 septembre]

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Décès

N°22

Transcription
du jugement
déclaratif de décès de
René Bellant
‘’Mort pour la France’’
le 13 septembre 1916

Du 28 avril 1921

Vu la signification à nous faite le vingt huit avril mil neuf cent vingt un, de l’expédition d’un jugement rendu par le tribunal civil de Beaune le onze décembre mil neuf cent quinze quinze avril mil neuf cent vingt un, nous transcrivons ici le dispositif dudit jugement. Par ces motifs : déclare constant le décès de Bellant René, né le seize avril mil huit cent-quatre vingt seize, à Arnay-le-Duc, de Denis et de Prost Virginie, célibataire, soldat au quarante quatrième régiment d’Infanterie, ‘’Mort pour la France’’ le treize septembre mil neuf cent seize, à Bouchavesnes (Somme). Dit que le présent jugement sera transcrit sur les registres de l’État civil de la commune d’Arnay-le-Duc, dernier domicile du soldat Bellant, et qu’il sera fait mention dudit jugement et de sa transcription en marge des registres à la date du décès. Jugé et prononcé le quinze avril mil neuf cent vingt un, à l’audience publique civile du Tribunal de première instance de Beaune (Côte-d’Or) où siégeaient M.M. Galopin-Labrely, Président, Lavirotte et Courtois juges ; en présence de Mr. Malo, Procureur de la République, assistés de Mr. Mugniot, commis greddier ; signé Galopin-Labrely, Mugniot. Transcrit le vingt huit avril mil neuf cent vingt un, quatorze heures, par nous Georges, Officier d’Académie, maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Georges
Approuvé la rature de six mots nuls.
[Signature] Georges

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Données additionnelles

On retrouve les orthographes Belland et Bellant mais cette dernière est celle utilisée par la famille dans la plupart des actes.

Fils des cultivateurs Denis et Virginie, née Prot, la famille Bellant est installée au hameau de Chassenay. Dans le recensement de 1911, la famille est composée des parents et des enfants Victorine (1900), Pierre (1909), Louis (1892), René, Jean (1898) et Jeanne (1894). C’est assez jeune que René quitte le domicile familial pour s’installer à Montbard. Il vit certainement avec son frère aîné, Louis, et ils sont tous les deux garçons boulangers à leurs 20 ans respectifs (en 1912 et en 1915).

Entre mars et août 1916, René Bellant sert avec un personnage particulier et singulier du régiment : le capitaine Arthur Isidore Dumas. Né en 1850 à Saint-Etienne, Arthur Dumas s’engage très jeune dans l’armée pontificale. Comme zouave, il participe à la défense du pape contre l’armée de Giuseppe Garibaldi, et est blessé en 1867. Trois ans plus tard, il fait son service militaire en France, et est fait prisonnier à Sedan en 1870. Il prend ensuite part aux principaux conflits dans lesquels la France est engagée : Algérie, Tunisie, Gabon, Soudan, et Maroc. Le désormais capitaine Dumas prend sa retraite à l’âge de 50 ans. Sur le point de se marier, certainement au grand dam de sa fiancée, il quitte tout pour partir en Afrique du Sud se battre pour la République du Transvaal lors de la Seconde Guerre des Boers. En 1914, il a 64 ans et décide de rejoindre la Belgique où il participe à la défense de la Marne avec les troupes belges. À nouveau prisonnier, et à nouveau évadé, il rejoint la France et reprend son grade de capitaine. Il est de toutes les batailles du 44e régiment pendant deux ans : la Marne où il est blessé six fois, l’Orient, Verdun, et la Somme(1). En février 1916, dans la Somme, il prend une balle dans les deux cuisses, presque à bout portant. Il est évacué de force par ses camarades, mais est de retour quelques mois plus tard. Le 12 août, le capitaine Dumas, qui a déjà joué ses neuf vies, est tué par balle alors qu’il participe à un assaut. Personnage atypique, aventurier militaire, son courage est salué par les généraux qui le site à l’ordre de l’armée. En 2016, Lons-le-Saunier, sa ville jurassienne de garnison, inaugure un stade à son nom(2). Une rue de la ville est également nommée en son honneur.

Le 1 août 1922, le soldat René Bellant est cité au Journal officiel dans cette formulation si typique des citations posthumes attribuées à la foule des soldats disparus, morts jeunes et sans « actions d’éclat » :

BELLANT (René), matricule 18003, soldat : soldat brave et dévoué. Tombé glorieusement pour la France, le 13 septembre 1916, devant Bouchavesnes. Croix de guerre avec étoile de bronze.

(3)

Le frère de René, Louis, est tué un mois plus tard à Lachalade dans la Meuse. Le caporal-fourrier René Voillery, du 132e régiment d’infanterie, meurt lui aussi à Bouchavesnes, le 1 octobre 1916, à l’âge de 19 ans.

Le soldat René Bellant n’a pas de sépulture connue. Son corps a pu « disparaître » dans les bombardements, ou n’a peut-être pas encore été retrouvé. Il est également possible qu’il soit un des soldats inconnus reposant dans une tombe individuelle ou un ossuaire des cimetières de la Somme, ou de la nécropole de Rancourt à Bouchavesnes-Bergen.

C’est le secteur de Bouchavesnes qui est representé dans les scènes d’ouverture du film Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet.

Carte

Voir en plein écran

Sources

  • A. D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1885 – 1892 (FRAD021EC 26/036), Bellant René, n°53, 1896, vue 213/272.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1916, bureau d’Auxonne (R 2521), vue 110/893.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 44e régiment d’infanterie, 13 avril 1916 – 20 mai 1917 (26 N 632/2), vues 40-47/117.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1921 – 1926 (FRAD021EC 26/042), Belland René (jugement), n°22, 1921, vues 36-37/304.
  • (1) (1920), Historique du 44e Régiment d’Infanterie, Paris-Limoges, éd. Charles-Lavauzelle, p. 11 [En ligne] (consulté le 23 juillet 2022).
  • (2) (8 juin 2016), « Qui était le capitaine Dumas ? » in Le Progrès [En ligne] (consulté le 23 juillet 2022).
  • (3) (1 août 1922), Journal officiel de la République française. Lois et décrets, p. 3444 [En ligne] Disponible sur Gallica.