VOILLERY René

VOILLERY René

¤ 4 octobre 1896 à Dijon (Côte-d’Or)
† 1 octobre 1916 vers Bouchavesnes-Bergen (Somme)
Caporal-fourrier – 132e régiment d’infanterie – 19 ans
Tué à l’ennemi
Mort pour la France
Croix de guerre avec étoile de bronze

“Doué des plus hautes qualités de calme et de sang-froid, de courage”

Acte de naissance

N°1010

Voillery
René

L’an mil huit cent quatre vingt seize, le six octobre à une heure du soir, pardevant Nous, Alfred Eugène Marpaux, adjoint au Maire de la ville de Dijon, (Côte-d’Or), remplissant par délégation spéciale les fonctions d’officier de l’Etat civil, a comparu : Ferdinand Voillery, âgé de trente ans, commis des postes, demeurant à Dijon, rue Lamonnoye, 1, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né en son domicile le quatre octobre courant à deux heures et demie du matin, de son mariage contracté à Cirey* (Côte-d’Or), le dix-huit avril mil huit cent quatre vingt quatorze, avec Marguerite Changarnier, âgée de vingt un ans ; auquel enfant il a déclaré donner le prénom de René. Lesdites déclaration et présentation faites en présence de Jules Maréchal, âgé de trente-un ans et de François Nevers, âgé de trente ans, tous deux commis des postes, domiciliés à Dijon et soussignés avec le père et Nous, après lecture faite.
[Signatures] Voillery / Maréchal / Nevers / A. Marpaux

* Cirey-lès-Nolay (Côte-d’Or)

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Fiche matricule

Tué

Nom : Voillery
Prénoms : René
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 151
Classe de mobilisation :


État civil :

Né le 4 octobre 1896, à Dijon, canton dudit, département de Côte-d’Or, résidant à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de Côte-d’Or, profession d‘Etudiant-ès-lettres, fils de Ferdinand et de Changarnier Marguerite domiciliés à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de Côte-d’Or.

Marié à _.


Signalement :

Cheveux noirs, Yeux gris,
Front large, Nez rectiligne,
Visage ovale, Renseignements physionomiques
complémentaires :
_
Taille : 1 mètre 77 centimètres.
Taille rectifiée :
1 mètre _ centimètres.
Marques particulières : _


Degré d’instruction générale : 3.

Décision du conseil de révision et motifs :

.

Inscrit sous le n°93 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc.
Classé dans la 1e partie de la liste en 1915.


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 60e régiment d’infanterie – 11999
– 44e régiment d’infanterie – 18119
– 132e régiment d’infanterie – 15550

Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _


Détail des services et mutations diverses.

Incorporé à compter du 12 avril 1915 – arrivé au corps le dit jour caporal-fourrier le 29 juillet 1916. Passé au 44e régiment d’infanterie le 22 mars 1916 (Exécution des prescriptions de la décision ministérielle n°4357 1/11 du 14 mars 1916 de monsieur le général commandant la 7e région. Passé au 132e régiment d’infanterie, le 3 juillet 1916. Tué le 1er octobre 1916, aux combats de la Somme, tranchée Ouest de la route de Béthune. Rayé des contrôles le 2 octobre 1916 (avis ministériel G.6226 du 8 novembre 1916). Rayé le 8 décembre 1916..


Antécédents judiciaires et condamnations

_.

Campagnes

Contre l’Allemagne du 12 avril 1915 au 30 septembre 1916 1er octobre 1916.

Blessures, citations, décorations, etc.

Ordre du Régiment n°407 du 4 novembre 1916. “Jeune soldat de classe 1916. Doué des plus hautes qualités de calme et de sang froid, de courage.”
Croix de guerre avec étoile de bronze.
.


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.


Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
– 2e dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Armée territoriale : 1re dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La disponibilité de l’armée active :_
La réserve de l’armée active :
L’armée territoriale :
La réserve de l’armée territoriale :
Date de la libération du service militaire :

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Journal des marches et opérations du 132e régiment d’infanterie

23 septembre 1916. Le 132e régiment d’infanterie arrive à Suzanne, dans la Somme, pour participer à la grande offensive alliée qui fait rage depuis juillet. Le régiment revient de plus de deux mois d’instruction passés à l’arrière. Auparavant, il était engagé dans la région de Verdun, où il a participé à de nombreuses batailles et où il a subi des pertes immenses. Dans la Somme, le 132e R.I. se positionne donc autour de Bouchavesne (aujourd’hui Bouchavesne-Bergen), dès le 24. Il se trouve en réserve de division pour l’attaque prévue le lendemain, parfois appelée bataille de Morval. L’objectif principal du régiment dans les jours et semaines qui suivent est l’aménagement du terrain : création de tranchées, fortifications, nettoyage humain et matériel. Les journées sont continuellement marquées par de violentes salves d’artillerie qui tuent et mutilent de nombreux combattants. Nous ne savons pas à quelle compagnie le caporal-fourrier Voillery appartient. Etant mort vers 9 heures du matin, il se trouvait probablement près du poste de commandement lors des bombardements détaillés ci-dessous.

Entrées du 30 septembre et 1 octobre :

30 septembre
8h10
L’avance des 5 sapes (S) a été rendue très pénible par suite du bombardement continuel.
14h Ordre est donné aux chefs de bataillons de faire nettoyer et assainir le plus rapidement possible le secteur. Les cadavres devront être déposés sur la route de Béthune, où les corvées spéciales fournies par le Groupe de Brancardiers Divisionnaire [G.B.D.] ou le Dépôt Divisionnaire [D.D.] les prendront.
En ce qui concerne le matériel abandonné (armes, équipement etc.) on profitera de toutes les occasions, (corvées de ravitaillement ou corvées apportant du matériel) pour le renvoyer à l’arrière.
Création de petits dépôts de matériel de compagnie, de bataillon et au poste de commandement du régiment.
15h10 Compte-rendu à la Brigade faisant connaître que le point signalé à l’Est de la ferme du Bois l’Abbé comme inoccupé est formé de trous d’obus et occupés par des hommes. Ces trous d’obus seront transformés en tranchée cette nuit.
17h15 Compte-rendu à la Brigade au sujet de la transformation des trous d’obus en tranchée continue pour nous relier du 26e bataillon de chasseurs à pied. Une section travaillera sur chacune des cinq sapes commencées.
Un nombre considérable de cadavres existe encore dans le secteur.
18h Ordre du commandant Rivals et le capitaine Garenne d’étudier le travail des tranchées de soutien a 150 ou 200m de la 1ère ligne ainsi que l’établissement de parallèles de départ avec places d’armes.
Travaux. Aménagement des tranchées de doublement. Réfection de tranchées bouleversées par le bombardement, approfondissement de boyaux. Continuation des cinq sapes devant 771. Aviation. Des escadrilles ennemies survolent nos lignes souvent à moins de 400m sans être inquiétées autrement que par nos mitrailleuses.
Troupe : Tués 11
              Blessés 41
              Disparus 2

1 octobre
7h
Beaucoup des obus allemands qui tombent au près du poste de commandement du 132e éclatent sans bruit et laissent sur le sol une flamme assez pénetrante.
10h15 : Ordre est donné au capitaine Garenne pour l’encerclement du point 711.
12h Ordre n°304 du Colonel commandant la Brigade pour la relève du bataillon Rivals par le bataillon Perret dans la nuit du 1er au 2.
14h15 En exécution des ordres du commandant de la Brigade le Bataillon Rivals sera relevé cette nuit par le Bataillon Perret.
Après la relève le Bataillon Rivals prendra les emplacement du bataillon Perret.
Les reconnaissances seront faites l’après-midi, chaque section laissera un gradé toute la matinée du 2 à la disposition du commandant Perret.
La limite du secteur sera la suivante :
Bataillon Perret – du 67e (200m Ouest de la route de Béthune à la sape S.A. encerclement du 771)
Batailon Garne de la Sape S au 26e bataillon de chasseur à pied (intersection du chemin allant de 711 au point à 500m Est de Bouchavesnes.
La compagnie Kaps (1ère compagnie) relevera la compagnie Bourgeois (7e compagnie) à 20 heures. La relève de la compagnie de droite se fera a minuit et celle de la compagnie de gauche à 1h30.
Le commandant Rivals gardera le commandement du sous-secteur jusqu’à la relève terminée du dernier élément de son bataillon.
13h20 Un avion allemand survole nos lignes à environ 350m de hauteur, nos mitrailleurs tirent dessus.
Vers 17h l’artillerie lourde française bombarde la tranchée de Ténésvar. Quelques coups courts devant 771.
Bombardement ennemi violent sur tout le secteur vers 18h et avec obus lacrymogènes et alliacés de 21h à 3h sur la 2e position.
Aviation. De nombreux avions ennemis survolent les lignes françaises.
L’activité de l’aviation française a été plus grande que les jours précédents.
Officiers : tués : Brissaud Capitaine / Cousinat sous-Lieutenant

Officier : blessé : Goguet sous-Lieutenant
Troupe : tués 24
             blessés 59
            Disparus 2

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Décès

N°23

Transcription d’acte de décès
de Voillery René
« Mort pour la France »

Du 2 mars 1917—

Acte décès

L’an mil-neuf-cent-seize le six novembre à quatorze heures du soir étant à Formerie (Oise), acte de décès de Voillery René, caporal fourrier au 132e Régiment d’Infanterie, numéro matricule 15550, 20 ans, né à Dijon (Côte-d’Or) domicilié en dernier lieu à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) « Croix de Guerre » décédé à Bouchavesnes (Somme) le premier octobre mil-neuf-cent-seize, à neuf heures du matin sur le champ de bataille « Mort pour la France » fils de Ferdinand et de Changarnier Marguerite domiciliés à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) célibataire, conformément à l’article 77 du Code Civil, nous nous sommes transporté auprès de la personne décédée et assuré de la réalité du décès. Dressé par nous Dominique Labadie, sous-lieutenant au 132e Régiment d’Infanterie officier de l’Etat Civil, sur la déclaration de Fournier Marcel, sergent et de Forceville Maurice, soldat de 2e classe tous au 132e Régiment d’Infanterie témoins qui ont signé avec nous après lecture (suivent les signatures). Vu par nous : Michel Dodinot sous-intendant adjoint à l’Intendance de la 12e division d’infanterie légalisation de la signature de M. Labadie sus-qualifié. Pour copie conformément l’officier de l’Etat civil. Signé : Labadie. Vu pour légalisation de la signature de M. Michel Dodinot. Paris le 3 février 1917.
Le Ministre de la Guerre
par délégation :
Le chef du bureau des archives administratives.
Signature illisible.
L’acte de décès ci-dessus a été transcrit le deux mars mil-neuf-cent-dix-sept, à neuf heures du matin par nous Nicolas Justin Hutin, maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Hutin

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Données additionnelles

La famille Voillery semble être originaire du canton de Nolay (Côte-d’Or). Installée à Dijon où naissent les premiers enfants, la famille vit ensuite à Saint-Hippolyte-sur-le-Doubs, et part ensuite pour Arnay-le-Duc. En effet, Ferdinand Voillery, le père, est nommé receveur aux postes arnétoises en 1905(1). La famille s’agrandit cette même année et la fratrie de René est composée d’Henri, né en 1895, de Suzanne, et d’André. En 1911, elle réside rue Victor Proutat.

Le 1 novembre 1916, un mois jour pour jour après le décès de René Voillery, son avis de décès est publié dans Le Progrès de la Côte-d’Or.

M. VOILLERY, receveur des postes à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or), et Mme. VOILLERY ; M. Henry VOILLERY, aspirant au 256e régiment d’infanterie, au front ; Mlle. Suzanne VOILLERY ; M. André VOILLERY ; Mlle. Huguette VOILLERY ; M. et Mme. CHANGARNIER-DEMOUR, propriétaires à Cirey-lès-Nolay (Côte-d’Or) ; Mme. Veuve CUNIER, à Velars-sur-Ouche ; M. Marcel Cunier, sapeur télégraphiste au 8e génie, au front ; les familles VOILLERY, CHANGARNIER, MIGNON et DEMOUR ont l’immense douleur de vous part de la perte cruelle qu’ils viennent d’éprouver en la personne de Monsieur René VOILLERY, caporal fourrier au …e régiment d’infanterie, leur fils, frère, petit-fils, neveu et cousin, tombé glorieusement au champ d’honneur, le 1er octobre 1916, dans sa 20e année, et inhumé près du village de Bouchavesnes (Somme).
Un service sera célébré à son intention le vendredi 3 novembre 1916, à 9 h. en l’église paroissiale d’Arnay-le-Duc (Côte-d’Or).
Il ne sera pas envoyé de lettres de faire part, le présent avis en tenant lieu.

(2)

Le frère aîné de René, Henri Voillery, est incorporé en 1914 comme jeune soldat de la classe 1915. Il termine la guerre au grade de lieutenant à titre provisoire. La paix revenue en Europe occidentale, il s’installe un temps en Allemagne où il travaille au consulat de France à Düsseldorf. En 1940, avec la défaite de la France face à l’Allemagne hitlérienne, Henri rejoint très rapidement le général de Gaulle à Londres et travaille dans l’administration de la France Libre. Proche du comité national, il est nommé consul en Islande. Après la guerre, il reste sur l’île devenue une jeune république indépendante et, en 1946, il devient le premier ambassadeur français dans ce pays. Le fils d’Henri, Claude Elie, sert également avec De Gaulle dans le Bureau central de renseignements et d’action(3).

René Voillery repose à la Nécropole nationale de Rancourt, à environ 1,5 km du lieu où il est décédé. 5 327 de ses camarades y reposent également en tombe individuelle. Les dépouilles de 3 223 autres soldats français sont réparties dans 4 ossuaires.

Carte

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Sources

  • A. D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Dijon 1896 (FRAD021EC 239/441), Voillery René, n°1010, 1896, vue 277/399.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1916, bureau d’Auxonne (R 2521), vue 269/893.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 132e régiment d’infanterie, 15 octobre 1915 – 7 octobre 1916 (26 N 688/3), vues 44-6/55.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916 – 1920 (FRAD021EC 26/041), Voillery René (transcription), n°23, 1917, vues 61/329.
  • (1) (4 juillet 1905), « Postes et Télégraphes » in Journal de Beaune, p. 3 [En ligne] Disponible sur Retronews.
  • (2) (1 novembre 1916), « Avis de décès » in Le Progrès de la Côte-d’Or, p. 3 [En ligne] Disponible sur Retronews.
  • (3) Ghémard, Jacques (8 février 2019), « Un Français Libre parmi 62155. Henri Jean François Voillery » in Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943 [En ligne] (consultée le 1 mai 2022).