NIEF Pierre Auguste Jean Baptiste

NIEF Pierre Auguste Jean Baptiste

¤ 17 novembre 1896 à Arnay-le-Duc
† 10 juillet 1918 au bois d’Eclisses, Chaumuzy (Marne)
Soldat mitrailleur – 408e régiment d’infanterie – 22 ans
Tué à l’ennemi par obus
Mort pour la France
Croix de Guerre étoile de bronze

‘Soldat brave et courageux. Blessé à son poste de combat au cours d’une contre-attaque ennemi, a fait preuve de calme et de sang-froid’

Acte de naissance

N°132

Acte de naissance
de
Nief Pierre-Auguste
Jean-Baptiste
(légitime)
—
Du 17 novembre 1896
—

L’an mil-huit-cent quatre-vingt-seize, le dix-sept novembre à l’heure de six du soir, heure légale, pardevant nous, Vollot, Antoine-François, maire officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef-lieu de canton, arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or. A comparu le sieur Nief, Jean-Baptiste, âgé de vingt-neuf ans, boucher, domicilié à Arnay-le-Duc, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né aujourd’hui à une heure du matin, heure légale, en son domicile, de son mariage contracté à Arnay-le Chailly, canton de Pouilly-en-Auxois le douze décembre mil-huit-cent quatre-vingt-onze-douze, avec Maurage, Louise-Elisabeth, âgée de vingt-cinq ans, sans profession, domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner les prénoms de : Pierre-Auguste-Jean-Baptiste. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sieurs Bizouard, Jean-Baptiste, âgé de quarante-cinq ans, bourrelier, et Noireault, Jean-Auguste, âgé de quarante-six ans, cafetier, tous deux domiciliés à Arnay-le-Duc ; et ont le père de l’enfant et les deux témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture faite.
[Signatures] Nief / Noireault / Bizouard / A. Vollot
La rature de trois mots comme nuls dans le corps de l’acte qui précède approuvée.
[Signatures] Nief / Noireault / Bizouard / A. Vollot

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Fiche matricule

Nom : Nief
Prénoms : Pierre-Auguste-Jean-Baptiste
Surnoms :
Numéro matricule du recrutement : 133.
Classe de mobilisation : _.

État civil :

Né le 17 novembre 1896, à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de Côte-d’Or, résidant à Saint-Prix, canton d‘Arnay-le-Duc, département de Côte-d’Or, profession de cultivateur, fils de Jean-Baptiste et de Maurage Louise-Elisabeth domiciliés à Saint-Prix, canton d‘Arnay-le-Duc, département de Côte-d’Or.

Marié à _.

Signalement :

Cheveux châtain foncé, Yeux gris,
Front moyen, Nez rectiligne,
Visage ovale, Renseignements physionomiques
complémentaires : _
Taille : 1 mètre 64 centimètres.
Taille rectifiée : 1 mètre _ centimètres.
Marques particulières :
Degré d’instruction : 3.

Décision du conseil de révision et motifs :

Inscrit sous le n°75 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc.
Classé dans la 1e partie de la liste en 1915.

Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 56e Régiment d’Infanterie – 9032
– 10e régiment d’infanterie – 10144
– 408e régiment d’infanterie – 17006
Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _.

Détail des services et mutations diverses.

Incorporé à compter du 12 avril 1915. Arrivé au corps ledit jour. Passé au 10e Régiment d’Infanterie le 2 décembre 1915. Passé au 408e Régiment d’infanterie le 15 juillet 1916 (ordre n°7285 du Général commandant la 1ere armée en date du 10 juillet 1916). Tué à l’ennemi le 11 juillet 1918 au Bois d’Eclisse commune de Chaumuzy. Avis officiel du 25 juillet 1918 n°EG 16.904A. Rayé des contrôles le 12 juillet 1918.

Antécédents judiciaires et condamnations

_.

Campagnes

Contre l’Allemagne du 12 avril 1915 au 11 juillet 1918.

Blessures, citations, décorations, etc.

Cité à l’ordre du Régiment n°267 du 1er octobre 1916 signé Gatel “Soldat brave et courageux. Blessé à son poste de combat au cours d’une contre-attaque ennemi, a fait preuve de calme et de sang-froid”. Croix de guerre avec étoile de bronze. Blessé le 26 septembre 1916 à Vermandovillers “plaies multiples de la fesse et de la cuisse droite par éclat d’obus”..

Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.

Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
Réserve : 2e dans le_, du _ au _.
Armée territoriale :_.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.

Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La disponibilité de l’armée active :_
La réserve de l’armée active :_
L’armée territoriale :
La réserve de l’armée territoriale :
Date de la libération du service militaire :

Pas de dossier le 7 – 1 – 1959

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Journal des marches et opérations du 408e régiment d’infanterie

Début juillet, le 408e régiment d’infanterie se dirige vers Chaumuzy, dans la Marne, au Sud-Est de Reims, pour assister les troupes italiennes qui se préparent à affronter une possible attaque allemande. C’est un front où se trouvent des troupes alliées de nombreux pays : soldats anglais, australiens, français, écossais, italiens, néo-zélandais. Le soldat Nief appartient à la 1ère compagnie de mitrailleuses du 1er bataillon qui, le 7 juillet, prend position dans le bois des Eclisses qui surplombe Chaumuzy (environ 100 mètres de dénivelé). Le secteur est relativement calme pendant une semaine, jusqu’à l’attaque du 14 juillet. Mais les occasionnels obus continuent de faire des ravages dans les rangs, ce qui provoque certainement la mort du soldat Nief.

Entrées du 7 au 10 juillet.

7 juillet
Le 1e Bataillon se poste dans le Bois de Courton et relève dans la nuit le 1e Bataillon du 20ème régiment d’infanterie italien dans le bois des Eclisses. Il a à sa droite 1 bataillon du 20ème régiment d’infanterie italien et à sa gauche 1 Bataillon du 51ème régiment d’infanterie italien.
L’état-major, la compagnie hors-rang, les 2ème et 3ème bataillons se postent dans le Bois de Courton pour occuper la 2ème position, partie comprise entre la Potence et l’Ardre.
8 juillet
Sans changement
9 juillet
Sans changement
Ordre Général du Général Albricci, commandant le 2ème corps d’armée italien.
            Les troupes du 2ème corps d’armée italien adressent leur salut fraternel aux officiers et aux soldats de la valeureuse 120ème division d’infanterie venue se battre à leurs côtés.
Le même idéal nous anime dans la lutte, la même foi dans la victoire, la même volonté de ne pas plier devant les barbares.
Tels sont les sentiments, telle sera la bravoure, telle sera la puissance de l’effort pour conquérir la victoire et la gloire, une gloire n’appartenant pas plus à une unité qu’à une autre mais égale pour toutes, pour tous les soldats de la civilisation, de l’humanité et de la liberté.
Soldats des 120ème, 3ème, 8ème divisions d’infanterie, soyez prêts au combat.
Fusiliers dans la tranchée, haut les cœurs !
Artilleurs vigilants à vos pièces !
Souvenez-vous tous que nos Pères se sont déjà battus maintes fois côte-à-côte et que la victoire a couronné leurs efforts.
10 juillet
Sans changement.

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Décès

N°88

Transcription de l’acte de
décès
de
Nief Pierre Auguste
Jean Baptiste
âgé de 22 ans
« Mort pour la France »
—
Du 12 novembre 1919
—

Acte de décès

408e Régiment d’Infanterie. Acte de décès
L’an mil-neuf-cent dix-huit, le dix du mois d’août à onze heures du matin, étant à Blercourt, Meuse, acte de décès de Pierre Auguste Jean-Baptiste Nief, soldat mitrailleur à la première compagnie de mitrailleuses du quatre-cent-huitième régiment d’Infanterie, classe mil-neuf-cent-seize, immatriculé sous le n°17.006. Recrutement d’Auxonne, matricule de recrutement 133, âgé de vingt-et-un ans, comme étant né le dix-sept-novembre mil-huit-cent quatre-vingt-seize, à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or, décoré de la Croix de Guerre, domicilié en dernier à Saint-Prix, canton d’Arnay-le-Duc, Mort pour la France, décédé au bois d’Eclisses, commune de Chaumuzy, Marne, le dix du mois de juillet mil-neuf-cent dix-huit à trois heures du matin, tué par obus ennemi, fils de Jean Baptiste et de Maurage Louise Elisabeth domiciliés à _ canton _.
Dressé par nous Misserey Antoine Ignace Marie Joseph, âgé de trente-six ans, sous-lieutenant, officier-payeur du quatre-cent-huitième régiment d’infanterie, officier de l’Etat Civil, sur la déclaration de Garein, Albert, âgé de vingt-siw ans, et de Laveau, André, Alphonse, Joseph, Jules, âgé de vingt-et-un ans, tous deux soldats mitrailleurs au quatre-cent-huitième régiment d’infanterie, témoins qui ont signé avec nous après lecture. Le premier témoin, signé : Garein. Le 2e témoin, signé : Laveau. L’officier de l’Etat Civil, signé : Misserey. Pour expédition forme : l’officier de l’Etat Civil, signé : Misserey. Vu par nous J. de Thoré, sous-intendant militaire de la 20e division médecin-chef de ladite formation militaire, pour légalisation de la signature de M. Misserey sus-qualifié. Signé : J. de Thoré. Vu pour légalisation la signature de M. J. de Thoré. Paris le 3 novembre 1919. Le ministre de la Guerre, par délégation, le chef du bureau des archives administrations. Signature illisible.

Mention rectificative
(Loi du 18 avril 1918)

Le soldat Nief était domicilié légalement à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) et non en dernier lieu à Saint-Prix canton d’Arnay-le-Duc.
Paris, le trois novembre mil-neuf-cent dix-neuf.
le ministre de la Guerre
par délégation.
Le chef du bureau des archives administratives signature illisible.
L’acte de décès ci-dessus a été transcrit le douze novembre mil-neuf-cent dix-neuf, neuf heures, par nous Claude Bullier adjoint, officier de l’Etat Civil faisant fonction de Maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Bullier.

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Données additionnelles

En 1911, les Nief habitent à la ferme dite de Fouché, proche de l’étang éponyme, commune de Saint-Prix-lès-Arnay, qui borde le territoire d’Arnay-le-Duc. Pierre Nief réside alors avec ses parents, Jean Baptiste et Louise. Trois domestiques de culture résident également à la ferme : Jean Médard, Marthe et Jean Dureuil(1).

En décembre 1920, les dépouilles de Pierre Nief et d’Emile Kopp, autre soldat arnétois, sont rapatriées à Arnay-le-Duc pour être inhumées au cimetière. Le 5 décembre, l’hebdomadaire Le Bien du peuple de Bourgogne fait le récit de l’hommage rendu par la population arnétoise :

— Belle manifestation – Mercredi, une foule énorme – que de mémoire d’homme on n’avait jamais constaté aussi grande pour un enterrement, – accompagnait à sa dernière demeure un brave poilu mort pour la France en 1918, Pierre Nief, que sa famille avait exhumé d’un cimetière du front.
La municipalité et les sociétés de la ville étaient présentes. Durant le trajet, les chants liturgiques alternaient avec les marches funèbres exécutées par la Fanfare.
A l’église, l’Office fut chanté avec une rare perfection par les jeunes filles auxquelles s’étaient jointes des dames de bonne volonté. M. le curé paraphrase l’admirable préface de la Messe des Morts.
Au cimetière, M. le maire se fit l’interprète de la population pour glorifier le brave poilu et consoler sa famille.
« Tout de même, – c’est une réflexion entendue – il n’y a que la religion qui nous parle des morts en nous les représentant comme vivants. »

(2)

 Le même journal rapporte le 19 décembre :

Arnay-le-Duc. – Nos héros. – Deux victimes du terrible cataclysme viennent d’être ramenées à Arnay, pour reposer près de leurs ancêtres.
Ce sont : Pierre Nief, mort à 22 ans, en 1918, et le lieutenant Emile Kopp, tombé à 32 ans, en 1917.
Leurs obsèques ont donné lieu à d’émouvantes cérémonies : tout le long du parcours, la Fanfare d’Arnay, qui était en tête du cortège, a fait entendre des marches funèbres. Les différentes sociétés de la ville étaient représentées et les combattants de la grande guerre avaient tenu à offrir une superbe palme.
Au cimetière, de nombreux discours ont été prononcés et écoutés dans le plus grand silence. Chers petits, dormez en paix, votre souvenir sera éternel.

(3)

La question des corps des soldats morts pendant la guerre est une véritable affaire d’Etat. Le rapport des populations aux défunts change profondément lors du conflit. L’Etat prend en charge la création de cimetières militaires et organise l’inhumation individuelle des soldats à partir de décembre 1915. D’autre part, la nature et la longueur de la guerre rendent difficile le recueillement pour de nombreuses familles qui, dans un premier temps, vivent souvent l’angoisse de l’absence d’information (le proche combattant est-il blessé, fait prisonnier, mort ?) puis, dans un second temps, ne peuvent se recueillir sur la tombe du défunt. Les soldats tués lors des premiers mois du conflit sont parfois rapatriés dans leur commune de résidence mais le gouvernement y met fin en novembre 1914. Des exceptions existent, notamment pour les soldats morts hors de la zone des armées. Ainsi, quelques morts dans des hôpitaux de l’arrière retrouvent leur terre natale, à condition que les familles puissent payer les frais de rapatriement.
Cela change le 31 juillet 1920. Le mécontentement et la pression des familles et de certains élus encouragent le gouvernement à changer sa politique. A partir du 31 juillet 1920, pour faire face aux pressions, accentuées par un certain nombre de violations de sépultures de combattants, les familles peuvent faire la demande de rapatriement des corps des morts pour la France alors inhumés dans les anciennes zones de l’armée. La France voit alors une circulation inédite de dépouilles, sur plusieurs années, transférées aux quatre coins du pays. Des entreprises privées sont mandatées pour répondre aux demandes. Les rapatriements se font progressivement par zones géographiques des anciens lieux de combats. En France, Allemagne et Belgique d’abord, puis en Italie et en Orient, des milliers de corps retrouvent leur famille.
Comme pour les soldats Kopp et Nief à Arnay-le-Duc, le retour du combattant défunt répond souvent à un cérémonial à deux dimensions. C’est à la fois l’inhumation du proche, qu’il soit père, fils, frère ou époux, et du héros national(4).

Carte

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Sources

  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1893 – 1896 (FRADO21EC 26/036), Nief Pierre Auguste Jean Baptiste, n°132, 1896, vue 242/272.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1916, bureau d’Auxonne (R 2521), vue 239/893.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 408e régiment d’infanterie,1er juillet – 31 décembre 1918 (26 N 768/8), vues 5-6/55.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916-1920 (FRADO21EC 26/41), Nief Pierre Auguste Jean Baptiste (transcription), n°88, 1919, vues 238-39/329.
  • (1) A.D. de la Côte-d’Or, population, dénombrement de la population, Saint-Prix-lès-Arnay 1911 (10 M 568-13), vue 8/10.
  • (2) (5 décembre 1920), « Belle manifestation » in Le Bien du peuple de Bourgogne, p. 3 [En ligne] Disponible sur Retronews.
  • (3) (19 décembre 1920), « Nos héros » in Le Bien du peuple de Bourgogne, p. 4 [En ligne] Disponible sur Retronews.
  • (4) Pau, Béatrix (2017), « Le ballet des morts » in Inflexions, 35(2), pp. 167‑174. / Pau, Béatrix (3 janvier 2018), « La restitution des corps », Le Souvenir Français [En ligne].