LEVITRE Julien

LEVITRE Julien

¤ 14 mai 1897 à Arnay-le-Duc
† 14 juillet 1918 au Bois du Gros Hêtre (Somme)
2e classe – 5e bataillon de chasseurs alpins – 21 ans
Tué à l’ennemi
Mort pour la France
Croix de guerre
Médaille militaire

‘Très bon chasseur s’est lancé à l’assaut des positions ennemies avec un élan superbe’

Acte de naissance

N°56

Acte de Naissance
de
Levitre, Julien
(légitime)

Du 15 mai 1897

L’an mil-huit-cent quatre-vingt-dix-sept, le quinze mai, à l’heure de onze et demie du matin, heure légale, pardevant nous, Vollot, Antoine-François, maire, officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef-lieu de canton, arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or. A comparu le sieur Levitre François, âgé de quarante-neuf ans, ouvrier en limes, domicilié à Arnay-le-Duc, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né hier à huit heures du soir, heure légale, en son domicile, situé rue des tanneries, de son mariage contracté à Arnay-le-Duc le quatre février mil-huit-cent-quatre-vingt-quatorze avec Loriot, Pierrette, âgée de trente ans, ouvrière en limes, domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner le prénom de : Julien. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sieurs Bidault, Claude, âgé de quarante-six ans, ouvrier en limes, et Bénétot, Jean-Louis, âgé de quarante ans, ouvrier ébéniste, tous deux domiciliés à Arnay-le-Duc, et ont le père de l’enfant et les deux témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture faite.
[Signatures] L. Bénétot / Levitre / Bidault / A. Vollot

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Fiche matricule

Tué
Nom : Levitre
Prénoms : Julien
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 1319.
Classe de mobilisation : _.


État civil :

Né le 14 mai 1897, à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or, résidant à Arnay-le-Duc, canton dudit, département de la Côte-d’Or, profession de plâtrier, fils de feu François et de Loriot Pierrette domiciliés à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or.

Marié à _.


Signalement :

Cheveux châtains, Yeux bleus,
Front moyen, Nez rectiligne,
Visage ovale, Renseignements physionomiques
complémentaires :
_
Taille : 1mètre67 centimètres
Taille rectifiée :
1mètre_ centimètres.
Marques particulières : _
Degré d’instruction générale : _.


Décision du conseil de révision et motifs :

Inscrit sous le n°47 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc.
Classé dans la 1e partie de la liste en 1915.


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 8e Groupe cycliste – 1090
– 5 Bataillon de chasseurs à pied – 8452

Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _.


Détail des services et mutations diverses.

Incorporé à compter du 11 janvier 1916. Arrivé au corps ledit jour. Passé au 5e Bataillon de Chasseurs à pied le 17 septembre 1916 (décision ministérielle n°14296 1/11 du 3 septembre 1916). Tué à l’ennemi le 14 juillet 1918 au Bois du Gros Hêtre (Somme) avis officiel de décès n°17330aEP. Rayé des contrôles le 15 juillet 1018..


Antécédents judiciaires et condamnations

_.

Campagnes

Contre l’Allemagne du 11 janvier 1916 au 14 juillet 1918.

Blessures, citations, décorations, etc.

Blessé le 1er juin 1917 au Plateau de Californie. “Plaie du mollet par éclat d’obus.”
Pieds gelés le 11 janvier 1918 à l’Hartmannswillerkopf (Alsace).
Cité à l’ordre n°876 du 12 juin 1917 “Excellent chasseur, blessé grièvement en première ligne à son poste de combat”
Cité à l’ordre n°784 de la 66e division du 30 mars 1918. “Très brave chasseur excellent patrouilleur a donné pendant son séjour au groupe Franc et spécialement pendant les journées du 23 au 26 octobre l’exemple d’un grand courage et beaucoup d’entrain”.
Cité à l’ordre n°509 du 5e Bataillon du 23 juillet 1918. “Très bon chasseur s’est lancé à l’assaut des positions ennemies avec un élan superbe. A été mortellement frappé au cours de l’organisation du terrain conquis
.


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.


Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
– 2e dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Armée territoriale : 1re dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La réserve de l’armée active :_
L’armée territoriale :_
La réserve de l’armée territoriale : _
Date de la libération du service militaire :_

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Journal des marches et opérations du 5e bataillon de chasseurs alpins

A la mi-mai 1918, le 5e bataillon de chasseurs alpins rejoint le secteur de Rouvrel, dans la Somme. Il s’agit de renforcer les lignes de défenses alliées face aux offensives allemandes qui se déroulent sur le front Ouest depuis le mois de mars (l’Offensive du Printemps 1918). Pendant plusieurs semaines, le bataillon est principalement chargé de l’aménagement de tranchées, sapes et redoutes afin de prévenir tout franchissement de la rivière de la Noye par les Allemands. Les chasseurs doivent également relever les unités en première ligne, notamment entre Rouvrel et le bois dit des Brouettes, à l’Est, qui touche celui du Gros Hêtre où les Allemands sont solidement installés. Le tout se fait sous une chaleur de plus en plus forte et des tirs d’artillerie. Le 12 juillet, le bataillon doit participer à une attaque qui doit permettre d’enlever le bois du Gros Hêtre à l’ennemi. C’est cette attaque qui est mentionnée dans la troisième et ultime citation attribuée au chasseur Levitre, qui appartient à la 2e compagnie du bataillon.

Entrées du 12 au 14 juillet

12 juillet
Dans la nuit (2 h. du matin) du 11 au 12 juillet, le bataillon gagne ses emplacements d’attaque, savoir :
2e compagnie (Capitaine Bégel) – 3e compagnie (Lieutenant Deschamps) : tranchée du Chalumeau (compagnies d’assaut).
4e compagnie (lieutenant Cresp) : en réserve dans le bois du Couperet.
1e compagnie (Capitaine Michel) en réserve de Groupe dans le bois Sénécat.
Compagnie de mitrailleuse : 1 pièce avec les compagnies d’assaut. 1 pièce avec chaque compagnie de réserve.
Peloton de 37 : dans le Nid à Boches (corne nord-est du bois Sénécat).
Objectif : le bataillon a pour mission de gagner en deux temps les organisations ennemies comprises entre la carrière de la tranchée de Mayence et la tranchée de Francfort en liaison avec le 24e bataillon de chasseurs alpins à sa droite, avec le 68e à sa gauche.
Exécution de l’attaque : 1er temps : à l’heure H (7 h. 30) départ des compagnies d’assaut derrière le barrage roulant à 7 h. 45, le premier objectif (tranchée de Mayence, corne nord-est du bois du Gros-Hêtre) est atteint sans grande difficulté.
2e temps : à 8 h 15, départ pour l’objectif final, atteint à 8 h. 35 sans pertes sérieuses. Les compagnies le nettoyent et s’y installent en profondeur.
Au cours de la progression, réaction faible de l’artillerie ennemie ; très faible résistance de l’infanterie qui laisse entre nos mains 65 prisonniers, dont 1 officier, et 1 feldwebel* ; 11 mitrailleuses légères.
Organisation du bataillon en fin de combat :
2 sections en 1ère ligne – 1 section en 2e ligne – 1 section en 3e ligne par compagnie d’assaut.
1 compagnie en réserve dans les parallèles de départ.
Pertes du bataillon la journée du 12 :
Officiers : 4 blessés, savoir lieutenant Deschamps, commandant la 3e compagnie, sous-lieutenants de Préval, Boissin, de Font-Réaulx.
Troupe : 9 tués (6 à la 2e compagnie, 3 à la 3e compagnie), 22 blessés (15 à la 2e compagnie ; 7 à la 3e)
Observations : Les compagnies d’assaut sont parties à l’attaque avec un ordre et un calme parfaits – malgré l’absence de points de repère et les difficultés du terrain, les chefs sont su maintenir leurs éléments sur la direction exacte des objectifs – La liaison avec les unités de droite et de gauche a été constamment maintenue.

13 juillet
Dans la nuit du 12 au 13, le lieutenant Poirot, rappelé du centre d’infanterie divisionnaire prend le commandement de la 3e compagnie, en remplacement du lieutenant Deschamps, évacué.
Arrosage général du secteur par l’artillerie ennemie durant toute la journée. A 18 h. 30, violent bombardement de nos 1ères lignes, suivi d’une contre-attaque ennemie déclenchée sur notre secteur et celui du 68e bataillon de chasseurs alpins : sous le feu des mitrailleuses et celui de l’infanterie, l’ennemi n’a pas osé pousser à fond son attaque – après une courte démonstration, il réintégra ses tranchées.
Pertes de la journée :
Tués 5 (dont 1 adjudant de la 3e compagnie, tué par un obus de 75 mm)
Blessés 3

14 juillet
Sans réaction précise, l’ennemi arrose notre le secteur avec des obus de tous calibres et à intervalles irréguliers, qui empêchent tout travail de jour. A signaler quelques obus toxiques dans la nuit du 13 au 14.
Pertes : 1 tué – 8 blessés (dont 3 ypérités**).

* grade de sous-officier de l’armée allemande qui correspond alors à celui de sergent-major dans l’armée française.

** 3 gazés.

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Décès

N°102

Transcription d’acte
de décès de
Levitre Julien
âgé de 21 ans
Mort pour la France
Du 19 novembre 1918—

Expédition 5e Bataillon de chasseurs alpins.
Acte de décès

L’an mil-neuf-cent dix-huit, le dix-huit du mois de Juillet à dix heures, étant à Estrées (Somme). Acte de décès de Levitre Julien, chasseur de 2e classe au 5e Bataillon de chasseurs alpins, 2e compagnie, immatriculé sous le n°8462, né le quatorze mai mil-huit-cent quatre-vingt-dix-sept à Arnay-le-Duc, canton d’Arnay-le-Duc, département de la Côte-d’Or, domicilié en dernier lieu à _, décédé au combat du Bois du Gros Hêtre (Somme) le quatorze du mois de juillet mil-neuf-cent-dix-huit à onze heures. Tué à l’ennemi « Mort pour la France » fils de feu François et de Loriot Pierrette domiciliés à Arnay-le-Duc, canton d’Arnay-le-Duc, département de la Côte-d’Or, célibataire, conformément à l’article 77 du Code Civil, nous nous sommes transporté auprès de la personne décédée et assuré de la réalité du décès. Dressé par nous Jovignot Lucien, officier de détails au 5e Bataillon de chasseurs alpins, officier de l’Etat civil, sur la déclaration de Laurent Georges, 22 ans, chasseur de 1e classe, et de Grangé Guy, 23 ans, chasseur de 1ère classe. Tous deux témoins qui ont signé avec nous, décoré de la Croix de Guerre, après lecture. Le 1er témoin, signé : Laurent. Le 2e témoin, signé : Grangé. L’officier de l’Etat civil, signé : Jovignot. Pour expédition conforme. L’officier de l’état civil, signé : Jovignot. Pour expédition conforme. L’officier de l’état civil, signé : Joignot.
Vu par nous Coupez Bernardin, sous-intendant militaire. Signé : Coupez.
Vu pour légalisation de la signature de M. Coupez Bernardin, Paris, le 11 octobre 1918.
Le ministre de la Guerre
par délégation.
Le chef du bureau des archives administratives
(Signature illisible.)
L’acte ci-dessus a été transcrit le dix-neuf novembre mil-neuf-cent dix-huit, neuf heures, par nous Claude Bullier, adjoint, officier de l’Etat-Civil faisant fonctions de Maire de la Vile d’Arnay-le-Duc.
[Signature] C. Bullier

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Données additionnelles

Dans le recensement de 1911, le patronyme de Julien est orthographié Levistre. Il vit avec sa mère Pierrette et est voisin de la famille Carlier.

Lorsque Julien Levitre rejoint le 5e bataillon de chasseurs en septembre 1916, il retrouve certainement son camarade arnétois Deroye, qui est tué un mois plus tard le 26 octobre sur le front de la Somme, ainsi que Marcel Didier.

En décembre 1916, le 5e bataillon de chasseurs à pied devient le 5e bataillon de chasseurs alpins (d’où les deux utilisations trouvées dans le parcours de Julien Levitre).

Il est indiqué le 11 janvier 1918 que Julien Levitre souffre de pieds gelés. Le « pied de tranchée », parfois nommé « la maladie des Poilus », est une pathologie très courante parmi les troupes, toutes les nationalités confondues, en particulier lorsqu’elles servent dans des environnements humides et/ou froids. Les pieds pouvaient alors s’infecter jusqu’à devenir gangreneux (l’amputation devenant alors une des seules solutions pour enrayer la maladie). Souvent forcés de vivre dans des conditions insalubres, les soldats doivent néanmoins faire leur possible pour garder leurs pieds aussi secs, et propres, que possibles malgré des bottes qui ne le permettent pas toujours.

Le chasseur Levitre est inhumé à Arnay-le-Duc. Outre une photographie (voir ci-dessus version retouchée), la Croix de guerre et la Médaille militaire sont représentées sur plaque présente sur sa tombe.

Photographie de la tombe de Julien Levitre au cimetière d'Arnay-le-Duc
Photographie de la plaque présente sur la tombe de Julien Levitre au cimetière d'Arnay-le-Duc

Carte

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Sources

  • A. D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1897 – 1900 (FRAD021EC 26/037), Levitre Julien, n°56, 1897, vue 20/300.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1917, bureau d’Auxonne (R 2531), vue 501/687.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 5e bataillon de chasseurs alpins, 17 avril – 27 août 1918 (26 N 817/9), vue 21/26.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916 – 1920 (FRAD021EC 26/041), Levitre Julien (transcription), n°102, 1918, vues 180-81/329.