GILLOC Henri

GILLOC Henri

¤ 22 novembre 1894 à Arnay-le-Duc
† 22 avril 1915 à Langemark (Belgique)
Sergent – 1er régiment de tirailleurs algériens – 20 ans
Tué à l’ennemi
Mort pour la France
Médaille militaire à titre posthume
Croix de guerre étoile de bronze

‘Partout des fuyards, hagards, la capote enlevée ou largement ouverte, la cravate arrachée, courant comme des fous, allant au hasard, demandant de l’eau à grand cris, crachant du sang, quelques-uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer’

Acte de naissance

N°111

Acte de Naissance
de
Gilloc, Henri,
(légitime).

Du 23 novembre 1894

L’an mil-huit-cent quatre-vingt-quatorze, le vingt-trois novembre, à l’heure légale de onze du matin, pardevant nous, Vollot, Antoine-François, maire, officier de l’état civil de la ville d’Arnay-le-Duc, chef-lieu de canton, arrondissement de Beaune, département de la Côte-d’Or. A comparu le sieur Gilloc, Jules, âgé de trente-cinq ans, ouvrier en limes, domicilié à Arnay-le-Duc, rue Saulnier, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né hier à sept heures du matin, heure légale, en son domicile de son mariage contracté à Diancey, canton de Liernais (Côte-d’Or) le premier octobre mil-huit-cent quatre-vingt-trois avec Fricot, Marie-Honorine, sans profession, domiciliée avec lui et auquel enfant il a déclaré donner le prénom de : Henri. Lesdites présentation et déclaration faites en présence des sieurs Bernard, Jean, âgé de trente-cinq and, Mulot, Edme, âgé de quarante-trois ans, tous deux ouvriers en limes domiciliés à Arnay-le-Duc ; et ont le père de l’enfant et les témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture.
[Signatures] Mulot / Bernard / Gilloc / A. Vollot

[Lien vers le document original]

Fiche matricule

Décédé
Nom : Gilloc
Prénoms : Henri
Surnoms : _
Numéro matricule du recrutement : 1005.
Classe de mobilisation : 1912.


État civil :

Né le 22 novembre 1894, à Arnay-le-Duc, canton d’Arnay-le-Duc, département de Côte-d’Or, résidant à Arnay-le-Duc, canton du dit, département de la Côte-d’Or, profession de boulanger, fils de Jules et de Fricot Marie Honorine domiciliés à Arnay-le-Duc, canton d’Arnay-le-Duc, département de Côte-d’Or.

Marié à _.


Signalement :

Cheveux châtains, Yeux bleus jaunâtres,
Front moyen, Nez rectiligne,
Visage large, Renseignements physionomiques
complémentaires :
oreilles écartées.
Taille : 1 mètre 70 centimètres.
Taille rectifiée :
1 mètre _ centimètres.
Degré d’instruction : 3.


Décision du conseil de révision et motifs.

Inscrit sous le n°59 de la liste du canton d’Arnay-le-Duc.
Classé dans la 3e partie de la liste en 1914.


Corps d’affectation / Numéros au contrôle spécial – matricule ou au répertoire

Dans l’armée active : 1er Régiment de tirailleurs algériens – 10460
Disponibilité et réserve de l’armée active : _
Armée territoriale et sa réserve : _.


Détail des services et mutations diverses.

Engagé Volontaire pour trois ans à la mairie à Autun (Saône-et-Loire) le 30 janvier 1913. Incorporé à compter du dit jour. Arrivé au corps le 4 février 1913. Caporal le 21 juillet 1914. Sergent le 21 novembre 1914.
Tué à l’ennemi le 22 avril 1915
.


Antécédents judiciaires et condamnations.

_.

Campagnes

En Algérie du 31 janvier 1913 au 1er août 1914.
Contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 22 avril 1915
.

Blessures, citations, décorations, etc.

Décoré de la médaille militaire à titre posthume (Journal Officiel du 8 juin 1922, ordre du régiment 1er Tirailleurs n°90 du 20/6/22.
Sous-officier brave et dévoué glorieusement tombé pour la France le 22/4/15 en Belgique “Croix de Guerre avec étoile de bronze”.
.


Localités successives habitées
par suite de changements de domicile ou de résidence

Dates / Communes / Subdivisions de région / D : Domicile, R : Résidence

_.


Périodes d’exercices

Réserve : 1re dans le_, du _ au _.
– 2e dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au __.
Armée territoriale : 1re dans le_, du _ au _.
– Supplémentaire dans le_, du _ au _.
Spéciales aux hommes du service de garde des voies de communication :_.


Époque à laquelle l’homme doit passer dans :

La réserve de l’armée active :30 janvier 1916
L’armée territoriale :1er octobre 1926
La réserve de l’armée territoriale : 1er octobre 1933
Date de la libération du service militaire :30 janvier 1940

Mise à jour le 29 octobre 1958. Le capitaine Py chef de la 2e section [Signature] Py

[Lien vers le document original]

Journal des marches et opérations du 1er régiment de marche de tirailleurs algériens, 1er bataillon

L’organisation de certains régiments de marche de tirailleurs est difficile à retracer tant la répartition des bataillons entre différents régiments varie lors de la guerre. Le 1er régiment de marche de tirailleurs algériens est dénommé tel le 1 avril 1915 (auparavant régiment de marche de tirailleurs algériens en 1914, puis 2e régiment de tirailleurs, puis 6e. Il était connu sous le nom de 1er régiment de tirailleurs algériens avant la guerre). En l’absence de renseignements sur l’appartenance d’Henri Gilloc à tel ou tel bataillon, c’est le journal de marche du 1er bataillon est transcrit ci-dessous car c’est le plus complet et c’est ce bataillon qui est le plus confronté aux événements survenus à Langemark.
Le 20 avril 1915, le 1er régiment de tirailleurs algériens arrive en Belgique. Il monte en première ligne dans la nuit du 21 au 22. Non loin se trouvent d’autres troupes coloniales françaises et les Canadiens de la 1ère division fraîchement arrivés sur le continent et qui attendent leur baptême du feu. La journée est relativement calme. Vers 17 heures, les alliés observent un étrange nuage jaune provenant des lignes allemandes. Tous sont en alerte, en attente d’une attaque ennemie alors que ce nuage enveloppe les troupes. Puis la gorge picote, les yeux pleurent, les tempes battent, la toux qui survient est si forte que les soldats crachent, littéralement, leurs poumons. Ils vomissent, tombent, essaient de se relever et, surtout, pour beaucoup, fuient et refluent vers l’arrière, laissant des brèches grandes ouvertes aux Allemands. Le colonel Henri Mordacq, commandant la 90e brigade d’infanterie, écrira :

Partout des fuyards, hagards, la capote enlevée ou largement ouverte, la cravate arrachée, courant comme des fous, allant au hasard, demandant de l’eau à grand cris, crachant du sang, quelques-uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer […]. Jamais il ne m’avait été donné de voir un spectacle semblable.

(1)

L’armée allemande vient de déverser 168 tonnes de chlore. C’est la première attaque au gaz, ce 22 avril lors de la seconde bataille d’Ypres. Les troupes ne sont pas encore équipées de masques à gaz. La seule information sur la mort d’Henri Gilloc est qu’il est « mort au feu », peut-être de l’artillerie, des balles, ou bien du gaz.

Photographie aérienne d’une attaque au gaz sur le front de la Somme en 1916, permettant d’illustrer la journée du 22 avril 1915 pour laquelle il n’existe aucune photographie(12).
Cliquer pour agrandir

Entrée du 22 avril 1915 :

22 avril 1915 (Jeudi) Extrait du Rapport du 29 avril 1915, du Chef de bataillon commandant le 1er bataillon du 1er tirailleurs relatif au combat de Langemark.

Jusqu’à 16h40, inactivité absolue de l’ennemi, à cette heure, des coups de fusil se répercutant de l’Ouest vers l’Est sont échangés sur la 1ère ligne. Deux ou trois minutes après, une fumée jaunâtre, épaisse, irritant les yeux et surtout les poumons, enveloppe le village de Langemark. Le sergent-major Fournier (ce sous-officier a disparu) de la 3e compagnie rend compte que la 3e compagnie est tournée par l’infanterie ennemie, vers l’Ouest par suite du mouvement de repli du 1er bataillon d’Afrique, que des tirailleurs sont asphyxiés dans les tranchées., que d’autres tirailleurs se portent vers le Sud-Est. Le Chef de bataillon prescrit à la 3e compagnie de s’accrocher coûte que coûte au saillant nord de Langemark et d’y tenir. Le chef de bataillon téléphone au lieutenant-colonel commandant le 1er régiment de marche de tirailleurs que la situation est grave et que l’atmosphère est irrespirable. L’adjudant-chef Boyer adjudant de bataillon est envoyé à la lisière nord-est de Langemark, pour voir ce que deviennent les 1e et 2e compagnie (ce sous-officier a disparu). Le tirailleur André, agent de liaison de la 4e compagnie (ce tirailleur a disparu) porte l’ordre au capitaine de la 4e compagnie de résister coûte que coûte sur la lisière nord-ouest de Langemark afin de couvrir le flanc ouest de la 3e compagnie. Ordre est donné au train de combat (4 voitures à munitions, 1 à outils, de se replier aux allures vives sur Pilkem. Le tirailleur cycliste Dollière (ce tirailleur a disparu) part pour Boesinghe afin d’y donner l’alerte, ordre est donné au lieutenant de cavalerie (Jansen) adjoint au Chef de bataillon qui, souffrant d’un genou, ne peut se déplacer rapidement de se diriger directement sur Ypres.
L’atmosphère est obscurcie par des gazs irrespirables et par la fumée provoquée par le feu intense de l’artillerie lourde ennemie. Le Chef de bataillon accompagné seulement par le tirailleur Ben Saada, son ordonnance, quitte son poste de commandement de Langemark au moment où l’infanterie ennemie ayant débordé vers l’Ouest occupe déjà le Moulin de Langemark. En se repliant dans la direction du Sud il aperçoit de nombreuses colonnes ennemies, se dirigeant rapidement sur Ypres. Des groupes de tirailleurs déployés à la lisière de haies, de boqueteaux, s’efforcent de retarder la marche de ces colonnes, ils souffrent beaucoup du feu de l’artillerie ennemie. Non loin d’une batterie française de 120 abandonnée (culasses enlevées), le Chef de bataillon rencontre le médecin major de 1ère classe Jirou du 1er tirailleurs, il se joint à lui ; tous deux poursuivent leur marche, se heurtent nez-à-nez, à la faveur de l’obscurité à un groupe d’ennemis revêtus d’uniformes anglaises, sont fusillés à bout portant, manquant d’être faits prisonniers, enfin, ils franchissent le canal de l’Yser sur une passerelle à hauteur de la ferme de Iwaanhof, le Chef de bataillon y trouve un groupe de tirailleurs (1e et 2e bataillons) qui, mêlés à des territoriaux, garnissent les tranchées du talus ouest du canal de l’Yser, le Chef de bataillons reste auprès d’eux le 23 avril jusqu’à 1H30 puis l’offensive ennemie lui paraissant momentanément arrêtée, il se rend à Elverdinghe au quartier-général de la 45e Division où il fait un compte rendu verbal. A 7 heures, après avoir regagné la rive ouest du canal de l’Yser, il reçoit : 1° l’ordre du commandant de la 90 brigade d’Infanterie de rassembler vers Noodhof, en réserve, les tirailleurs bordant le canal de l’Yser. Cette ordre s’exécutait lorsque vers 9 heures, le lieutenant-colonel commandant le 1er tirailleurs prescrivait au Chef de bataillon de gagner Elverdinghe où se regroupait le 1er tirailleurs. Le Chef de bataillon arrivait dans cette localité, suivi d’une vingtaine de tirailleurs, vers onze heures. Au cours du combat du 22 avril, tous les officiers et hommes de troupe du 1er bataillon du 1er tirailleurs que le Chef de bataillon a pu apercevoir tournés par l’ennemi vers l’Ouest coupés de Boesinghe, sous un feu d’artillerie exceptionnellement violent et sous une fusillade vive et rapprochée, se sont efforcés de retarder l’offensive ennemie et ont fait noblement leur devoir.
A la suite du combat de Langemark, l’effectif du 1er bataillon du 1er tirailleurs a été réduit de :
 1°- 19 officiers à 5 : Chef de bataillon de Fabry ; lieutenant Lesdos ; sous-lieutenant Bosq ; médecin-aide-major Laquière.
2° – de 800 hommes de troupe à 149.
Pertes en officiers : Etat-major : lieutenant Jansen adjoint au chef de bataillon disparu. Adjudant-chef Boyer disparu.
1ère compagnie : Lieutenant Taupin (malade et évacué) après être resté 4 jours dans les lignes ennemies. Sous-lieutenant Baud malade et évacué. Sous-lieutenant Yayahoui disparu.
2e compagnie : Capitaine Carrère disparu prisonnier. Sous-lieutenant Pausset malade et évacué. Sous-lieutenant Weber (évacué et rentré le 7 mai). Lieutenant Medjaji disparu.
3e compagnie : Capitaine Daynié (disparu). Lieutenant Gaillot prisonnier. Sous-lieutenant Launay (prisonnier). Sous-lieutenant Taharboucht disparu.
4e compagnie : Capitaine de France (prisonnier). Sous-lieutenant Bacou prisonnier. Lieutenant Belmedani (disparu).

 [Lien vers le document original]

Décès

N°13

Transcription de l’acte de décès
de Gilhoc* Henri

Mort pour la France

Acte de décès

L’an mil-neuf-cent-seize, le vingt-deux du mois de février, étant à Petite-Synthe (Nord). Acte de décès de Gilhoc Henri, sergent au 1er Régiment de marche de till Tirailleurs algériens, immatriculé sous le numéro 10.460, décédé à Langemark (Belgique) le vingt-deux du mois d’avril mil-neuf-cent-quinze, « Mort pour la France », ce sous-officier ayant été tué sur la ligne du feu, il nous a été impossible de nous transporter sur les lieux. Dressé par nous Enaud Alfred, Lieutenant au 1er Régiment de Tirailleurs, officier de l’Etat-civil sur la déclaration de Jacquin Henri, sous-lieutenant au 1er Régiment de Tirailleurs de marche et de Blanc Charles, adjudant au même Régiment témoins qui ont signé avec nous après lecture.
Suivent les signatures.
Vu par nous Periguet Charles sous-intendant militaire pour légalisation de la signature de M. Enaud Alfred, Lieutenant sus-qualité.
Signé :Periguet.
Vu pour légalisation de la signature de M. Periguet Charles.
Paris le 8 mars 1916
Le ministre de la Guerre, par délégation, le chef du bureau des archives administratives. Signé : illisible.
L’acte de décès ci-dessus a été transcrit le vingt-trois mars mil-neuf-cent-seize à neuf heures du matin, par nous Nicolas Justin Hutin, maire d’Arnay-le-Duc.
[Signature] Hutin

* Patronyme orthographié Gilhoc dans la transcription de l’acte de décès mais Gilloc dans toutes les autres sources.[Lien vers le document original]

Données additionnelles

Le frère aîné d’Henri, Marcel Claude, est sous-officier de carrière au 1er régiment de tirailleurs algériens lorsque la guerre commence. Ils servent ensemble jusqu’à la mort d’Henri. Ce jour-là, ils sont peut-être proches l’un de l’autre, mais nous ne savons pas dans quel bataillon et quelle compagnie ils servent alors.  Marcel est ensuite promu au rang de sous-lieutenant à titre temporaire et transféré au 9e régiment de marche de tirailleurs algériens. Il est tué au Bois des Loges, dans l’Oise, sept mois plus tard, le 14 novembre 1915.

Pour en savoir plus sur l’attaque au gaz du 22 avril, cliquer ici pour découvrir lire un article de Stéphanie Trouillard(3).

Carte

Voir en plein écran

Sources

  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1893 – 1896 (FRAD021EC 26/036), Gilloc Henri, n°111, 1894, vue 104/272.
  • A.D. de la Côte-d’Or, recrutement militaire (1867-1940), classe 1914, bureau d’Auxonne (R 2506), vue 891/1104.
  • S.H.D, Mémoire des Hommes, Journaux des marches et opérations des corps de troupe, 1er régiment de marche de tirailleurs algériens, 1 août 1914 – 10 avril 1917 (26 N 845/5), vues 20-21/50.
  • A.D. de la Côte-d’Or, état civil numérisé, Arnay-le-Duc 1916 – 1920 (FRADO21EC 26/041), Gilloc Henri (transcription), n°13, 1916, vues 9-10/329.
  • (1) (31 juillet 1994) « La Très Grande Guerre. 12. Les gaz, nouvelle frontière de l’horreur » in Le Monde [Archives en ligne] (consulté le 15 mars 2022).
  • (2) RMR Foundation (22 avril 1915), « Gas attack ! 2nd battle of Ypres begins in 1915 » in Royal Montreal Regiment [En ligne] (consulté le 15 mars 2022)
  • (3) Trouillard, Stéphanie (22 avril 2015) « 22 avril 1915 : première attaque massive aux gaz chimiques à Ypres » in France24 [En ligne] (consulté le 15 mars 2022).