Duvaquier : entrée du 29 mars 1916

29 mars


Attaque du réduit, corne Sud-Est du bois d’Avocourt.

Ordre d’attaque

I. Le mercredi 29 mars à 4h30’, le 210e et le 157e régiment d’infanterie attaqueront la corne Sud-Est du bois d’Avocourt.
II. But à atteindre. S’emparer du réduit de la position 300 mètres de profondeur, 7 à 800 mètres de largeur. S’y installer solidement.
III. Dispositions. La colonne d’attaque comprenant le 6e bataillon sera disposée en colonne double les compagnies étant elles-mêmes en colonnes doubles de peloton, les 2 premières vagues déployées, les 2 autres en colonnes d’escouades par un à intervalles de déploiement.
a) Mitrailleuses. A chaque compagnie de la colonne d’attaque sera attachée une section de mitrailleuses de la compagnie Poirot pour la flanquer à droite et à gauche.
En outre la 1e Compagnie de Mitrailleuses de Régiment détachera une section avec la 1ère vague, une section avec la 2e vague, une section avec le peloton des pionniers-bombardiers.
b) Pionniers-bombardiers. Le peloton de pionniers bombardiers progressera à la grenade par tranchée D.X. et le boyau D.X.’ plus au Sud.
c) Génie. Une section de la compagnie 13/3 avec chacune des 2 premières vagues.
d) Le 5e bataillon aura 3 compagnies en réserve et la Compagnie de Mitrailleuses de Régiment Michel.
1 compagnie dans le boyau de jonction du boyau de la Garoupe avec celui d’Antibes.
1 compagnie dans le boyau allant rejoindre les abris d’artillerie (Poste de Commandement du colonel du 210e)
1 compagnie dans le boyau allant à l’ouvrage 282.
1 compagnie progressera dans le boyau de la Garoupe à la grenade, prendra pied sur la face Sud-Est de la lisière en assurant la liaison entre le 6e bataillon du 210e à droite, et le 157e à gauche, qui attaque du point C au point D.
IV. Zones d’action. Dès que la 1e vague aura occupé la lisière, elle y laissera ses nettoyeurs et prgressera de la façon suivante :

            Le peloton de droite se rabattra face à droite pour prendre à revers la face D. A. et se relier avec le peloton de pionniers arrivant par les tranchées allemandes DX et DX’.

            Le peloton de gauche se rabattra à gauche pour prendre pied dans le boyau de la Garoupe. La 2e vague, couverte aussi sur ses flancs, s’efforcera de progresser jusqu’à la lisière Nord du réduit, en prenant comme zone d’action le terrain compris entre la lisière Est et le prolongement dans le réduit du boyau de la Garoupe.

            Les 3e et 4e vagues, sous le commandement du Chef de Bataillon, auront comme objectif la lisière nord du réduit et comme zone d’action la partie du réduit limitée à l’Est par le boyau de la Garoupe et à l’Ouest par le grand layon orienté Sud-Est-Nord-Ouest.

Patrouilles. Dès l’arrivée sur le terrain (3H3°’) des patrouilles seront envoyées, si possible pour s’assurer de l’existence des brèches dans le réseau.
V. Liaison. Liaison téléphonique entre Poste de Commandement R2 et Poste de Commandement B3.
Autre hommes de liaison par bataillon (coureurs) au Poste de Commandement du lieutenant-colonel du 210e.
VI. Ravitaillement. Un dépôt de matériel d’attaque qui est établi à l’endroit où le boyau d’Antibes se rapproche de celui de la Garoupe.
Poste de Secours. A partir du déclenchement de l’attaque, le boyau d’Antibes est réservé aux évacuations. Les postes de secours seront donc établis aux extrémités de ce boyau.
Poste de Commandement B3 – Central téléphonique des Bois d’Esnes.
Poste de Commandement R2 – Abris d’artillerie du boyau de la Garoupe.
VII. Mesures de détail. Tenue de campagne allégée le sac ne contenant que les 3 jours de vivres de réserve et le complément de 200 cartouches.
– Le mouchoir en brassard au bras gauche.
– 6 grenades par grenadiers et 2 par hommes.
Rouleaux de fil de fer individuel.
2 sacs à terre par homme.
Tous les outils au ceinturon et 25 cisailles renforcées par bataillon.
Dix fusées vertes par Compagnies.
Dix fusées éclairantes par Compagnies.
Bidon plein d’eau coupée d’eau de vie (0 litre 25) par homme seront touchés au magasin d’Esnes.
L’extrémité des canons de fusils seront protégées par des chiffons, ainsi que la culasse mobile.
Emporter graisse et pétrole pour entretien des armes.

Exécution

29 mars
Le 5e bataillon quitte le bivouac de Perrières (forêt de Hesses à 22H30).
Les compagnies touchent au village d’Esne, des cartouches, grenades, sacs à terre, fusées éclairantes, eau de vie et vont occuper les emplacements qui leur ont été assignés.
A 4H40, la 18e compagnie enlève le barrage situé dans le boyau de la Garoupe et progresse presque sans arrêt jusqu’à la lisière du bois. A 5H15, 2 nouveaux barrages sont enlevés. Le sous-lieutenant Philippot commandant la section de tête est mortellement blessé. La progression est arrêtée, le boyau étant pris d’enfilade par les mitrailleurs ; l’avance dans le bois est de 160 m environ.
La compagnie est alors déployée pour assurer la liaison entre le 157e et le 210e. Les sections de la 18e compagnie restent en place et creusent des tranchées.
A 6H30 la 19e compagnie reçoit l’ordre de se porter à la lisière Sud-Est du bois et la 20e compagnie de la remplacer dans la tranchée de départ.
La 19e compagnie, qui s’était mise en liaison par des patrouilles avec les éléments de la 22e compagnie déploie 2 sections en 1ère ligne à la droite de la 18e compagnie à environ 150 m à l’intérieur du bois et 2 sections en 2ème ligne.
Le commandant de compagnie et les chefs de section de cette unité sont mis hors de combat. A 9H10 l’ordre est donné au lieutenant Moingeon de la 17e compagnie de prendre le commandement de la 19e compagnie, le sous-lieutenant Soucelière de la 20e compagnie lui est adjoint.
A 9H30, le chef de bataillon quitte le poste de commandant du Colonel pour se fixer dans le bois d’Avocourt à proximité des compagnies.
A 10H25, la 20e compagnie a l’ordre de se porter dans le bois d’Avocourt et d’y construire une tranchée de soutien à l’Ouest de la 18e compagnie et à 60 m environ en arrière de la 1ère ligne (occupée par la 21e compagnie).
A 10H30 la 17e compagnie a l’ordre de se porter à l’extrémité droite du boyau de la Garoupe. Ses 4 sections occupent la lisière sud du bois d’Avocourt et y aménagent une tranchée avec les outils portatifs.
Dans la journée, le Bataillon continue l’aménagement des positions qu’il occupe sous un bombardement violent.
A 18 heures, le capitaine Topinet prend le commandement du 210e en remplacement du lieutenant-colonel de Malleray tué.
Le capitaine Aigueparses remplace le capitaine Topinet dans le commandement du bataillon.
A 20H30 le capitaine Topinet apprenant par un planton du capitaine Legraud que la 22e compagnie n’était plus en liaison avec les autres éléments du Régiment, envoie un peloton de la 17e compagnie assurer la liaison. Le guide de la 22e compagnie chargé de conduire ce peloton n’ayant pu retrouver l’emplacement de l’unité Legraud le peloton revient se plaer sous les ordres du lieutenant Rollet commandant la 17e compagnie.
Informé aussitôt par le capitaine Topinet de la situation de la compagnie Legraud et de l’ordre donné pour combler le vide, Monsieur le Commandant Michelin du 157e, commandant le réduit, donne l’ordre au capitaine Legraud de ramener ce qui reste de sa compagnie à la droite du 6e bataillon (l’ordre est exécuté dès sa réception).
6e bataillon. Les 4 compagnies du 6e bataillon sous le commandement du commandant Jenn, quittent Esnes vers 2H30 pour prendre position d’attaque en avant de nos premières lignes d’où le signal d’attaque est donné à 4H30 avec la formation suivante :

1ère vague d’assaut 22e et 24e compagnies. Capitaine Legraud.
2ème vague d’assaut 22e et 24e compagnies. Capitaine Sibas.
3ème vague d’assaut 23e et 21e compagnies. Capitaine Bedu.
4ème vague d’assaut 23e et 21e compagnies. Lieutenant Beaupoil.

Occupation du réduit du bois d’Avocourt.
Les pelotons des 24e et 22e compagnies, 1ère vague, capitaine Legraud, après avoir parcouru un glacis de 500 m, abordent le bois pénètrent dans le réduit, le peloton de 22e s’accroche à environ 30 m au Sud Sud-Est de l’ouvrage de la cote 277. 3, pendant que le peloton de la 24e compagnie (sous-lieutenant Blondel) se place à gauche du boyau la Garoupe au Nord Nord-Est de la cote 277.3.
La 2e vague (capitaine Sibas), suit le même itinéraire, les 2 pelotons des 24 et 22e compagnies s’établissent à environ 100m à gauche du boyau la Garoupe, au Nord Nord-Ouest de la cote 277.3.
La 3e vague (capitaine Bédu) 23e et 21e compagnie et la 4e vague (lieutenant Beaupoil) 23e et 21e compagnie, arrivent presque en même temps que la 2e vague et renforcent celle-ci à gauche du boyau la Garoupe et prolongent à droite et en arrière du capitaine Legraud une ligne, jalonnée par des trois d’obus qui sont immédiatement reliés par des tranchées.  Ainsi s’est établie la 1ère ligne de résistance la droite appyuyée à 70 m au Nord Nord-Ouest du boyau, conduisant à l’ouvrage (14) le centre à 100 m au Sud-Est de la cote 277.3. et la gauche reliée au 157e d’Infanterie.
Au cours de la nuit organisation de la ligne. Bombardements intermittents suivants de contre-attaques ennemies qui sont toutes repoussées.
Pertes : 82 tués. 153 blessés. 157 disparus.

Suit un détail des pertes du 29 mars, vues 19 à 25, où apparaît le soldat Duvaquier vue 24.

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